1/Congrès 2012 des Sociétés Médico-Chirurgicales de Pédiatrie, Bordeaux

Le taux de césariennes en France a beaucoup augmenté depuis 30 ans, ainsi que le montrent les enquêtes nationales périnatales réalisées. Depuis quelques années, la tendance semble être à la stabilisation, autour de 20 %. Une naissance sur 5, presque une naissance sur 4 pour les primipares, se fera par césarienne.

Le choix de pratiquer une césarienne est principalement lié à plusieurs éléments : les caractéristiques de la mère, l’existence d’un danger pour l’enfant ou pour la mère. L’augmentation du taux des césariennes est à la fois liée à l’augmentation des grossesses chez les femmes de plus de 30 ans et à une pratique plus fréquente de la césarienne chez celles qui présentent un ou plusieurs facteurs de risque ; en particulier, la seule présence d’une dystocie, d’une présentation particulière du fœtus, comme un “siège”, d’un antécédent de césarienne, d’une grossesse multiple, d’une hypertension artérielle sévère ou d’un diabète gestationnel. Il en est de même pour les accouchements prématurés qui donnent lieu à des césariennes dans plus d’un tiers des cas. On constate également une forte variabilité du taux de césariennes entre les établissements, selon leur recrutement et leur niveau de prise en charge. On peut également identifier d’autres raisons moins officielles, mais qui ont contribué à augmenter les taux de césariennes : déclenchement de convenance, péridurale, décubitus dorsal, rupture artificielle de la poche des eaux, etc. La protection médico-légale et le recours plus fréquent des personnes à des procédures judiciaires, sont également des facteurs de hausse des taux de césariennes.

Un enfant né par césarienne est-il plus à risque de certaines pathologies ?

– Ce mode de naissance peut être à l’origine d’une détresse respiratoire à la naissance car les poumons du fœtus ne sont alors pas comprimés pendant le passage par le bassin et le vagin de la mère, avec expulsion du liquide qu’ils contiennent. Par ailleurs, si la césarienne est effectuée en dehors du processus de travail, le fœtus ne bénéficie pas des mécanismes hormonaux facilitant la maturation pulmonaire. Le risque de détresse respiratoire est d’autant plus élevé que la césarienne est effectuée en dehors du travail (environ 7 fois plus élevé). Plus la césarienne est pratiquée tôt plus ce risque est élevé, les recommandations s’accordent sur le terme de 39 SA pour la programmation des césariennes.

– L’intervention chirurgicale peut être à l’origine d’une séparation de la mère et de l’enfant plus ou moins longue, qui ne facilite pas la relation mère-enfant et la mise en route de l’allaitement. Le premier contact du nouveau-né avec sa mère lors d’une césarienne est parfois plus difficile, la cause en est notamment le lieu de rencontre qui est le bloc opératoire ou la salle de réveil lorsque la mère est éveillée.

– A plus long terme, on observe une plus grande fréquence des pathologies respiratoires et allergiques, qui sont vraisemblablement associées au déséquilibre du microbiote intestinal du nouveau-né. Des études de plus en plus nombreuses l’attestent. Pour n’en citer que quelques-unes, une méta-analyse de 33 études rapporte un risque d’asthme majoré de 20 % chez les enfants nés par césarienne comparé aux enfants nés par voie basse (2). Un risque d’autant plus important qu’il existe un terrain familial allergique. Concernant les rhinites allergiques, une étude américaine observe une fréquence de 38 % plus élevée chez ces enfants nés par césarienne (3).

Une élévation de 80 % du risque de sensibilisation aux allergènes alimentaires est aussi rapportée par une étude allemande (4).

Quel est l’impact de la césarienne sur le microbiote intestinal du nouveau-né ?

Rappelons que jusqu’à la naissance, le tube digestif du nouveau-né est stérile. Il est colonisé au moment de la naissance, lorsque l’accouchement se fait par voie basse. Le nouveau-né entre alors en contact avec la flore vaginale naturelle de sa mère ainsi que sa flore fécale. Ceci n’est pas le cas lors d’une césarienne. Or, les microbiotes vaginal et fécal contiennent des lactobacilles et des bifidobactéries, dont on connaît les bénéfices pour la santé de l’hôte. L’enfant né par césarienne n’aura donc pas l’opportunité de se coloniser par ces bactéries. En revanche, il va rencontrer d’autres bactéries présentes dans l’environnement. Il s’agit d’entérobactéries, de streptocoques et de staphylocoques présents dans l’air et sur la peau et qui peuvent dans certaines circonstances, devenir pathogènes. Les bifidobactéries et les lactobacilles s’implanteront plus tardivement et en quantité moindre que chez les enfants nés par voie basse comme l’a montré une étude finlandaise (5). Aujourd’hui, on peut donc affirmer que la césarienne a un impact sur l’implantation du microbiote intestinal du nouveau-né.

Que devrait contenir une formule infantile pour être la mieux adaptée à ces enfants ?

Dès lors que l’on sait que le microbiote intestinal des nouveau-nés par césarienne n’est pas identique à celui de ceux nés par voie basse et qu’il existe, de ce fait, un sur-risque de pathologies allergiques en particulier, l’objectif est de compenser ce manque en fournissant des bactéries de type lactobacilles et bifidobactéries.

– L’allaitement maternel favorise l’implantation de ces bactéries dans le tube digestif de l’enfant comme l’ont montré plusieurs études.

– Lorsque celui-ci n’est pas possible, l’idéal serait de proposer une formule infantile enrichie en lactobacilles et/ou en bifidobactéries, favorisant ainsi leur implantation dans le tube digestif du nouveau-né et la prévention des pathologies allergiques.

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