Comment lui faire aimer les légumes ?

La plupart des enfants n’ont pas une attirance spontanée envers les légumes. Ils ont en effet un goût plus subtil que les autres aliments plus sucrés ou plus gras. Il faut prendre le temps de les leur faire apprécier. Si les “hygiénistes” incitent à leur consommation, rien ne presse. Surtout pas de culpabilité. Quelques conseils peuvent aider à pour inciter à leur consommation.

Les étapes clés

  • Tout petit : un bon départ dès la diversification

La diversification est une période assez longue de découverte de nouveaux goûts. Pas de précipitation, on incite les mamans à suivre le chemin.

• A 6 mois, on introduit des légumes cuits, tout en continuant le lait. D’abord introduire quelques cuillerées à soupe à un repas, puis augmenter progressivement. A 5 ou 6 mois ils sont servis à un des repas en purée mixée ou en potage. On conseille de commencer par les carottes, courgettes, haricots verts et épinards . Un nouveau goût par repas. S’il refuse, on lui propose un autre jour.

• Vers 7-8 mois on laisse des petits morceaux en mixant moins.

• A plus de 1 an, on sert les légumes cuits ou crus. Les légumes sont écrasés à la fourchette, on laisse des morceaux de plus en plus gros.

• Par la suite, on propose une crudité une ou deux fois par jour, par exemple des betteraves ou concombres en petits cubes, et un légume vert cuit ou une soupe en nommant les différents légumes qui la compose.

  • 1 an et demi-2 ans : le stade du non !

La nourriture est un sujet sensible, l’enfant le ressent. C’est si facile de s’opposer et s’affirmer. L’enfant peut refuser tel légume à la maison et le manger à la cantine ou chez des copains. Rassurez la maman pour qu’elle continue à équilibrer les repas.

  • 3 à 7 ans : reconnaître le stade de la néophobie alimentaire

Jusqu’à 18-24 mois, il est assez facile d’offrir une alimentation diversifiée à l’enfant, il mange avec plaisir et fait plaisir. Mais c’est souvent à partir de 3-4 ans qu’il peut bouder des légumes et réclamer de la purée ou des pâtes. De nombreux enfants commencent à contester et sélectionner ce qu’on leur propose. Ils refusent de manger des aliments qu’ils avaient pourtant l’habitude de consommer et tout aliment nouveau. C’est le stade de la néophobie alimentaire : peur de l’incorporation, peur du nouveau ? Il faut rassurer les parents et leur dire que ce stade est normal, qu’il fait partie de son bon développement et que ces réactions vont diminuer après un pic entre 3 et 6 ans.

Plus grand, en cas de difficultés, lors de la consulatation on peut parcourir avec l’enfant une liste de légumes. Sélectionner avec lui ceux qu’il aime, ceux qu’il aime moyen et ceux qu’il n’aime pas. Lui demander de tenir le plus possible ses choix vis-à-vis de sa famille.

Sous quelle forme ?

On peut choisir des légumes frais ou surgelés, ou des petits pots. Conseiller aux parents de faire le test ! Les légumes frais offrent une saveur et une consistance plus naturelles que les légumes des petits pots. On prépare rapidement les légumes frais après l’achat, sinon, il est préférable d’utiliser des légumes surgelés qui ont gardé toute leur teneur en vitamine C. On peut préparer les légumes à l’avance et les garder en portions au congélateur. Les petits pots, c’est pour le dépannage.

Comment lui faire aimer…

  • S’aider des sens

Le petit enfant a besoin de stimuli sensoriels. Consommer des légumes est un formidable apprentissage de tous les sens. Conjointement au goût, l’odorat se développe. « Ca sent bon », dit souvent la maman. Sentir l’odeur des légumes de la soupe, c’est l’inciter à découvrir l’aliment. Il regarde ce qu’il mange et enregistre aussi les couleurs : proposer des légumes colorés pour attirer l’oeil. Il veut toucher pour apprécier la texture, le met dans la bouche, le mastique et libère ainsi les arômes et les saveurs. Les petits enfants ont des cellules gustatives 2 fois plus nombreuses que l’adulte. Dès que possible, on donne des légumes crus à croquer comme les lapins et on lui permet des les toucher et de les manger avec les doigts. Lui faire découvrir le marcher et la préparation culinaire des aliments. Si on ne stimule pas les sens de l’odorat et du goût, les perceptions s’émoussent.

  • Le goût est influencé par l’entourage proche

La mise en place des cinq sens se complète avec les sensations hédoniques. Quand la maman dit “ c’est bon ”, elle incite à développer la notion de bon et mauvais, les préférences et les aversions. La façon dont la maman nourrit l’enfant va influencer aussi son goût. Lui servir fréquemment un légume qu’il aime renforce son attirance pour cet aliment. Inversement, il faut expliquer à la maman qu’elle peut influencer son choix. Si elle n’aime pas les concombres, son visage exprimera inconsciemment son déplaisir. L’enfant se structure à la table familiale, à la crèche ou avec les autres. Il est important de prendre l’habitude d’intégrer rapidement l’enfant à la table familiale, même s’il a déjà mangé auparavant. Les crèches collectives, puis le fait de manger à la cantine complèteront aussi son apprentissage. Un enfant qui ne mange pas le matin va prendre son petit déjeuner avec les autres s’il est en groupe, comme durant les colonies de vacances. A son retour, il faudra veiller à ce qu’il conserve cette habitude acquise. Surtout que les parents montrent l’exemple en consommant eux-même des légumes crus ou cuits à chaque repas. Un enfant dont les parents mangent quotidiennement des légumes, pour qui c’est une habitude, aura moins de difficultés qu’un enfant issu d’une famille ou les légumes ne sont pas usuellement à table. Prendre l’habitude de mettre un légume cru et/ou cuit à chaque repas sur la table.

Quand ça ne passe pas…

  • Ne pas le forcer

On le dégoute en le forçant. Ne jamais utiliser la force pour obliger le bébé à manger à la petite cuillère, commencer via le biberon. Ne jamais forcer bébé à manger un légume qu’il n’aime pas. Lui faire goûter plutôt chaque légume séparément. Lui mettre toujours une cuillerée de légumes dans son assiette. Pour les plus grands, ne pas le forcer à manger des légumes cuits, il les préfère crus. Pour conserver sa faim, limiter les repas trop gras et bouratifs, alléger le gouter, commencer le repas par des crudités. Et amenez le au marcher pour éveiller sa curiosité.

  • Un enfant est un enfant

Il a besoin d’être considéré comme un enfant pour avoir un apprentissage complet. On traite trop souvent les petits comme des adultes et on oublie que l’apprentissage est un long parcours. Il faut inciter la maman à ne pas se décourager mais continuer à proposer une alimentation équilibrée. Surtout, qu’elle ne baisse pas les bras, sinon c’est la porte ouverte à des choix alimentaires peu structurés et secondairement à la prise de poids et aux maladies de surcharge.

  • Pas de chantage

« Finis tes courgettes, sinon tu n’iras pas jouer », « finis ta soupe et tu auras ton dessert », « je t’achète des bonbons si tu finis ton assiette ». Avec ces remarques, il y a une instrumentalisation de l’aliment en lui accordant des vertus de punition ou de récompense. Dans un cas, on utilise le meilleur moyen pour dégoûter l’enfant de ce légume, dans l’autre on magnifie les aliments sucrés. Pas de chantage affectif, l’enfant doit manger pour couvrir ses besoins et non pas pour vous faire plaisir. « Il y a des bons et des mauvais aliments ». Cette dichotomie est à l’origine de réactions paradoxales et de culpabilité. Tous les aliments ont leur fonction que ce soit pour la croissance, la forme ou le plaisir, l’essentiel est de diversifier et d’équilibrer l’alimentation.

  • La patience est payante

Que les parents ne se découragent pas si le premier essai se révèle “tragique”. Une étude de l’Inra de Dijon a montré que l’enfant peut refuser un aliment de nombreuses fois avant de l’accepter enfin, et même de l’adorer. Proposer très régulièrement à l’enfant un même légume afin de lui permettre de se familiariser avec lui et de mieux l’accepter. On peut aussi lui proposer un même aliment mais sous une autre forme : une carotte en purée plutôt que râpée.

  • Les préférences alimentaires peuvent se modifier

Les légumes peuvent être appréciés lors des repas extérieurs. A la cantine, en colonie, ou lors d’invitations chez les copains, l’enfant et même l’adolescent peuvent être amenés à apprécier un aliment qu’ils n’aimaient pas, uniquement parce qu’ils ont constaté que les autres enfants l’apprécient. De même, un adolescent peut vouloir s’affirmer en s’opposant à sa famille et en adoptant les préférences des copains. Savoir introduire les légumes qui ont été appréciés à l’extérieur dans la préparation des repas.

 


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