Compléments alimentaires

Qu’appelle-t-on “complément alimentaire” ?

Le concept de complément alimentaire est relativement récent. On définit les compléments alimentaires comme « des denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de présentation telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d’un comptegouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité » (1).

Les législations sont harmonisées au niveau européen : la directive 2002/46/CE garantit la protection des utilisateurs et la circulation des produits dans les états membres. Cette directive a été transposée en droit français par le décret 2006/352 du 20 mars 2006.

Une frontière proche entre complément alimentaire et médicament

En effet d’après le Code de la Santé publique (2) « on entend par médicament toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou composition pouvant être utilisée chez l’homme ou chez l’animal ou pouvant leur être administrée, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique. Sont notamment considérés comme des médicaments les produits diététiques qui renferment dans leur composition des substances chimiques ou biologiques ne constituant pas elles-mêmes des aliments, mais dont la présence confère à ces produits, soit des propriétés spéciales recherchées en thérapeutique diététique, soit des propriétés de repas d’épreuve… Lorsque, eu égard à l’ensemble de ses caractéristiques, un produit est susceptible de répondre à la fois à la définition du médicament prévue au premier alinéa et à celle d’autres catégories de produits régies par le droit communautaire ou national, il est, en cas de doute, considéré comme un médicament. »

Il est vrai que les compléments alimentaires peuvent être proches des médicaments : par exemple prescription de vitamine D pour accompagner la croissance de l’enfant, d’iode chez une femme enceinte pour prévenir les troubles thyroïdiens pour elle et son enfant, de magnésium en cas de crampes, des vitamines pour atténuer la fatigue scolaire ou pour prévenir les infections…

La législation des compléments alimentaires

Contrairement aux médicaments, la commercialisation des compléments alimentaires ne nécessite pas d’autorisation individuelle de mise sur le marché avec dossier d’expertise. L’industriel est responsable de la conformité des mises sur le marché avec respect des normes en vigueur, de la sécurité et de la non-tromperie du consommateur.
Intégrés au Code de la consommation, ils font l’objet de déclaration auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui examine leur composition et réalise des contrôles.

La réglementation prévoit une liste positive des ingrédients pouvant entrer dans leur composition, comme les vitamines et les minéraux, et impose la notion de doses journalières maximales à ne pas dépasser (3). Seuls les vitamines et minéraux pouvant entrer dans la composition des compléments alimentaires sont listés en annexe I de la directive européenne de 2006 (directive 2002/46/ CE consolidée), sous les formes indiquées en annexe II.

L’étiquetage doit notamment comprendre (1) :

  • la dénomination de vente “complément alimentaire” ;
  • le nom des catégories de substances (vitamines, plantes…) ;
  • le mode d’emploi, la dose ou portion journalière recommandée ;
  • le pourcentage des apports journaliers recommandés (AJR) pour les vitamines et minéraux ;
  • des avertissements : ne pas dépasser la dose journalière recommandée ; tenir hors de la portée des enfants ; ne se substitue pas à une alimentation variée et équilibrée.

La législation a encadré étroitement les allégations nutritionnelles et de santé qui doivent répondre à une obligation générale de publicité non trompeuse (article L.121-1 et suivants du Code de la consommation) et correspondre à la liste positive des allégations nutritionnelles et de santé ou faire l’objet d’une autorisation préalable si l’allégation revendiquée ne figure pas dans la liste.

L’Anses (4) a mis en place un dispositif national de nutrivigilance afin d’améliorer la sécurité du consommateur en identifiant rapidement d’éventuels effets indésirables des compléments alimentaires. Le premier bilan a été rendu en octobre 2010.

Qui prend des compléments alimentaires ?

L’étude Inca 2 (5) qui a recueilli des données concernant la consommation de compléments alimentaires chez 2 624 adultes et 1 455 enfants de plus de 3 ans en France métropolitaine (fin 2005/2007) a montré que 12 % des enfants avaient consommé des compléments alimentaires au cours des 12 mois précédents. 37% d’entre eux ont en fait consommé des médicaments ayant pour but de supplémenter ; pour 79 % d’entre eux, les compléments alimentaires consommés sont composés principalement de vitamines et minéraux, exclusivement ou associés à d’autres produits. Les compléments à base de plantes sont consommés par seulement 11 % des enfants.
Si près des deux tiers des compléments alimentaires sont consommés sous forme de cures, aussi bien chez les enfants que chez les adultes (le plus souvent en hiver, principale saison de prédilection pour leur consommation), 10 % des enfants qui en consomment en prennent tous les jours ou presque.

Les achats se font surtout après une prescription médicale ou le conseil d’un personnel de santé et les produits sont surtout achetés dans les pharmacies (78 % pour les enfants). Chez 65 % des enfants, le but est de maintenir ou améliorer leur état de santé, de lutter contre la fatigue, rarement d’équilibrer l’alimentation. La consommation est d’autant plus fréquente que le niveau d’études des parents est élevé.

La plupart des études s’accordent sur le fait que les personnes consommant des compléments alimentaires sont celles possédant le plus souvent une meilleure hygiène de vie et une alimentation plus équilibrée.

Les compléments alimentaires sont-ils justifiés ?

On pourrait légitiment concevoir que, dans un pays comme la France, les déficits en minéraux et micronutriments sont exceptionnels. Mais l’étude du Val-de-Marne (6) publiée en 1991 a révélé qu’en France, pays à niveau de vie élevé, les enfants pouvaient être carencés en minéraux et en vitamines dans une proportion non négligeable. Cette étude a montré, chez les enfants et adolescents, un apport inférieur aux recommandations chez 60 % pour les vitamines B1 et B6 et 8 % pour la vitamine C, 10 à 15 % ont un apport en vitamine A inférieur aux 2/3 des recommandations, 40 à 90 % des apports inférieur à 2/3 des recommandations et 2 à 17 % inférieurs à 1/3 des recommandations. Pour le fer la majorité des enfants avaient des apports inférieurs aux recommandations.

Il faut bien admettre qu’un certain nombre d’enfants et adolescents ne parviennent pas à équilibrer leur alimentation. Il faut ajouter aussi que les processus de production des aliments comme la transformation industrielle ou le stockage peuvent altérer la densité nutritionnelle, en particulier pour les végétaux.

Conclusion

Aborder la notion de compléments alimentaires doit faire partie de l’acte médical. Il est important d’aborder les dangers de l’achat sur Internet de produits non certifiés, de l’effet prooxydant et possiblement toxique de la consommation de compléments alimentaires sur de longues périodes ou en quantité supérieure aux AJR, alors que seul un régime équilibré, avec notamment des apports suffisants en fruits et légumes, permet d’apporter les éléments nécessaires à l’organisme.

 

 

Pour en savoir plus…


Publié

dans

par

Étiquettes :