Congrès de l’ESPGHAN

• Les troubles fonctionnels gastro-intestinaux après une infection digestive chez l’enfant : une vraie entité

Une étude de cohorte prospective multicentrique (1) a été menée chez l’enfant entre 2007 et 2010 pour étudier la fréquence des troubles fonctionnels gastro-intestinaux (TFI) survenant dans les suites d’une gastroentérite aiguë (GEA) infectieuse.

• Pensabene et al. ont recruté 32 enfants âgés de 4 à 13 ans, dans le mois suivant une GEA avec culture de selles positive (rotavirus 56,8 %, Salmonella 30 %, adénovirus 6,6 %, norovirus 3,3 % et Giardia lamblia 3,3 %), puis les a matchés avec 32 enfants contrôles du même âge et même sexe. Les symptômes, évalués à l’aide d’un questionnaire validé pour les TFI (selon les critères de Rome III) (2), étaient significativement plus élevés dans le groupe “GEA” par rapport aux contrôles dans le mois suivant l’épisode infectieux (40,6 % vs 12,5 % ; p = 0,02), 3 mois plus tard (53 % vs 15,6 % ; p = 0,003) et 6 mois plus tard (46,8 % vs 15,6 % ; p = 0,01). Les douleurs abdominales fonctionnelles concernaient 18 à 28 % des enfants à distance de la GEA.

Ainsi, après une gastroentérite aiguë infectieuse, près de la moitié des enfants présente des troubles fonctionnels gastrointestinaux. Dans la majorité des cas, ils s’agit de douleurs abdominales.La connaissance de cette entité est importante pour éviter explorations et angoisses inutiles.

• Les recommandations de l’ESPGHAN sur la prise en charge de la gastroentérite aiguë de l’enfant sont peu respectées

La gastroentérite aiguë (GEA) de l’enfant est un motif fréquent d’hospitalisation, la déshydratation étant supposée être la principale raison de l’admission. Les guidelines émises par l’ESPGHAN sur la prise en charge de la GEA dans les différents pays d’Europe sont basées sur le principe de “faire le minimum” : réhydratation orale, pas de bilan ni médicament (3).

• Lo Vecchio et al. (4) ont conduit une étude prospective multicentrique dans 20 centres hospitaliers en Italie afin d’évaluer les pratiques de prise en charge hospitalière de la GEA. Sur 167 enfants inclus (moyenne d’âge 21 mois), 60 % n’avaient pas reçu de soluté de réhydratation orale (SRO) au domicile et seulement 20 avaient une perte de poids > 5 %. Près de 30 % des enfants ont été admis à la demande de la famille et 17 % en raison d’une incapacité à poursuivre la prise en charge à domicile selon le médecin. Pourtant, près de la moitié des enfants n’ont bénéficié que d’une réhydratation orale lors de l’hospitalisation. Durant le séjour, presque tous ont eu une prise de sang (96 %) et des drogues anti-diarrhéiques ont été prescrites dans 34 % des cas. Le gain de poids à la sortie était en moyenne de 116 g, avec seulement 8 patients ayant repris plus de 5 % de leur poids, indiquant que la déshydratation n’était pas sévère dans la vaste majorité des cas.

Au final, c’est plutôt la peur d’une mauvaise évolution à domicile qu’une déshydratation qui a conduit à la majorité des hospitalisations pour GEA, les rendant inappropriées. De plus, des bilans biologiques ont été fréquemment demandés et des changements de régime alimentaire et des médicaments régulièrement prescrits malgré les recommandations. Le respect de ces recommandations est nécessaire pour réduire les coûts et les examens invasifs pour les enfants.

• La recherche d’antigènes d’Helicobacter pylori dans les selles (avec anticorps monoclonal) est une alternative au test respiratoire à l’urée pour détecter l’infection chez l’enfant avant et après éradication

Actuellement, les tests non invasifs comme le test respiratoire à l’urée (UBT) et la détection d’antigènes dans les selles (AgS) par anticorps monoclonal sont fiables pour déterminer si Helicobacter pylori (Hp) a été éradiqué (5). L’UBT aurait également d’excellentes qualités pour la détection de l’infection avant l’éradication, même si les guidelines recommandent la réalisation d’une biopsie. Qu’en est-il pour les antigènes dans les selles ?

• L’étude de Segarra (6) a permis d’inclure prospectivement 59 enfants de 5 à 17 ans, suspects d’infection à Hp et testés par l’UBT et les AgS avant et après traitement de l’infection le cas échéant (39/59). Comparée à l’UBT, la recherche d’AgS a détecté l’infection avec une sensibilité de 95 % et une spécificité de 100 % ; après éradication, la sensibilité des AgS était de 85 % et la spécificité de 100 %. La concordance entre les 2 tests non invasifs était de 95 %.

Ainsi, la détection de l’antigène d’Hp dans les selles par un anticorps monoclonal semble être tout aussi efficace que le test respiratoire à l’urée pour la détection de l’infection avant, mais aussi après éradication.

• Les préparations pour nourrissons à forte teneur en protéines augmentent le risque d’obésité à 6 ans

La consommation de grandes quantités de protéines dans la petite enfance a été associée à une prise de poids plus rapide dans cette période et à un risque plus élevé d’obésité ultérieure (7, 8).

• L’étude CHOP (Childhood Obesity Project) (9) est un projet européen multicentrique randomisé incluant 1 090 enfants alimentés avec une préparation pour nourrissons (randomisés pour recevoir une haute ou une basse teneur en protéines) ainsi que 588 enfants allaités au sein.
Le suivi de cette cohorte à permis de montrer qu’à l’âge de 6 ans, il n’y avait pas de différence pour la taille des enfants. En revanche, le poids avait tendance à être plus élevé dans le groupe ayant reçu une préparation avec haute teneur en protéines. L’indice de masse corporelle était, lui, significativement augmenté de 0,41kg/m² (p = 0,03) dans ce même groupe, avec une augmentation de la prévalence de l’obésité.

Les mesures anthropométriques des enfants du groupe ayant reçu une plus faible teneur en protéines étaient comparables à celles des enfants ayant eu un allaitement maternel.

Ainsi, les préparations pour nourrissons avec des teneurs moins élevées en protéines pourraient atténuer la prise de poids et réduire significativement le risque d’obésité à l’âge scolaire.

La promotion et la protection de l’allaitement maternel, ainsi que la diminution des prises de produits pour nourrissons excessivement riches en protéines pourraient être des stratégies importantes pour diminuer le risque d’obésité dans l’enfance.

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