Consommation de poissons prédateurs

On parle beaucoup de pollution par les adjuvants comme les pesticides ou les colorants, mais peu d’entre nous ont conscience que la mer – qui nous délivre des bons Oméga 3 – puisse être à l’origine de polluants comme les métaux lourds à tel titre qu’il faille faire des recommandations pour les femmes enceintes et les enfants en bas âge…

 

Pas de panique ! Car les quantités recommandées sont celles d’une consommation courante, mais il convient de limiter les ardeurs des mamans qui font du “tout Oméga 3” la panacée. En fait, la consommation de poissons peut exposer le jeune enfant au méthylmercure (MeHg). Celui ci est la forme absorbable du mercure par les organismes vivants, et c’est une forme chimique toxique.

Qu’est-ce que le méthylmercure ?

Le mercure est essentiellement rejeté par l’écorce terrestre dans l’air et, s’il est naturellement présent sous forme de traces dans l’environnement du fait de sa large dispersion, et volatile sous sa forme élémentaire, il subit des transformations chimiques qui le rendent toxique et facilement bioaccumulable.

Normalement présent à faible dose sous sa forme méthylée dans l’eau ou les sédiments, il peut se concentrer dans les organismes aquatiques, d’autant plus que sa teneur augmente au fur et à mesure des maillons de la chaîne alimentaire chaque fois qu’une espèce aquatique en mange une autre.

L’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) s’en est préoccupée, car le poisson est la principale source alimentaire d’exposition de l’homme au méthylmercure, surtout par l’intermédiaire des grands prédateurs qui se situent en haut de la chaîne alimentaire.

Il a été montré qu’à haute dose, le méthylmercure est toxique pour le système nerveux central de l’homme, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance.

Il peut provoquer des troubles comportementaux légers ou des retards de développement chez les enfants exposés in utero ou après la naissance, même en l’absence de signes toxiques chez la mère.

Pour le reste de la population, l’exposition au méthylmercure, via la consommation de poissons, ne présente pas de risque.

Des chiffres revisités

C’est en 2003 qu’une nouvelle dose hebdomadaire tolérable provisoire (DHTP) a été fixée par l’OMS : elle a été abaissée, passant de 3,3 μg de MeHg par kg de poids corporel par semaine, à 1,6 μg par kg de poids corporel par semaine.

L’Afssa signalait, dans un avis publié en 2004, que l’exposition moyenne de la population française métropolitaine reste inférieure à la nouvelle DHTP, sauf pour les jeunes enfants jusqu’à l’âge de 6 ans, qui approchent cette dose “tolérable”, voire la dépassent pour les forts consommateurs de poisson.
Les femmes en âge de procréer (19-44 ans) ne dépassent pas cette dose, même lorsqu’elles sont fortes consommatrices de poissons en général ; « néanmoins, l’analyse des fortes consommatrices de poissons prédateurs prises individuellement montre que le risque de dépassement ne peut être exclu ».

Dans une hypthèse maximale, si l’on estime cette exposition en considérant que tous les poissons sont contaminés à la valeur extrême de méthylmercure, l’exposition serait alors supérieure à la DHTP, quelles que soient les tranches d’âge.

En pratique, que recommande l’AFSSA ?

  • Pour la population générale, du fait que l’apport de la population en méthylmercure est inférieur à la dose journalière tolérable définie par l’OMS, et au regard des bénéfices nutritionnels liés à la consommation de poissons (acides gras essentiels, protéines, vitamines, minéraux et oligoéléments), l’Afssa recommande de consommer du poisson au moins 2 fois par semaine, sans oublier les poissons gras (saumon, maquereau, sardine, anchois, hareng…) et de diversifier les espèces de poissons consommées. Recommandation qui est valable pour toutes les catégories d’aliments, à savoir varier les apports au sein d’une même catégorie.
  • Pour les femmes enceintes et allaitantes, et les enfants en bas âge (moins de 30 mois), l’Afssa recommande de prendre des précautions particulières :
    – éviter, à titre de précaution, de consommer les poissons les plus contaminés : espadon, marlin (proche de l’espadon) et siki (variété de requin) ;
    – limiter la consommation des autres poissons prédateurs susceptibles d’être fortement contaminés (voir encadréci-dessus) à : 150 g de chair de poisson par semaine, pour les femmes enceintes et allaitantes, et à 60 g de chair de poisson par semaine, pour les enfants de moins de 30 mois.
  • Pour l’ensemble des femmes en âge de procréer, l’Afssa a estimé qu’il n’était pas justifié d’étendre cette recommandation. En effet, cette recommandation est limitée aux femmes enceintes et allaitantes, et non à toute la catégorie des femmes en âge de procréer, dans la mesure où, contrairement à d’autres contaminants qui s’accumulent tout au long de la vie, le méthylmercure est excrété et métabolisé, mais aussi du fait que l’impact neurotoxique du méthylmercure ne s’exercerait spécifiquement qu’au cours des 2e et 3e trimestres de la grossesse.

Prédateur ou pas prédateur ?

  • Les poissons prédateurs sauvages – réserves établies par l’Afssa pour les femmes enceintes et allaitantes, et les enfants de moins de 30 mois :
    – interdits : espadon, marlin et siki ;
    consommation limitée : anguille et civelle, bonite, brochet, capelan de Méditerranée, cardine, dorades rose et rouge et pageot, dorade-sébaste et rascasse du nord, empereur, escolier noir et escolier, esturgeon, flétan, grenadier de roche, lotte, loup de mer, palomette, raie et pocheteau, requin (darne) et saumonette et roussette (état pelé), rouget-barbet, rouvet, sabre, thon et listao et thonine, voilier de l’Atlantique.
  • Les poissons non prédateurs tels que le colin et le cabillaud ainsi que les poissons d’élevage peuvent être consommés librement, car faiblement contaminés en méthylmercure.

 

Pour en savoir plus
Ces données et recommandations de l’Afssa sont disponibles sur le site www.sante.gouv.fr


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