Du calcium… Pour qui ? Pourquoi ? Où en trouver ?

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Introduction

L’organisme, et ce d’autant qu’il est jeune, a besoin de calcium. La principale source de calcium dont nous disposons est le lait.
En cas d’allergie aux protéines de lait de vache (APLV), les hydrolysats poussés consommés en quantité adéquate permettent d’avoir la dose recommandée en calcium. On constate que les enfants APLV, une fois diversifiés, ont des apports en calcium qui sont moins importants que la population générale. Cela fait suite à une diminution de la consommation d’hydrolysat et au final les apports calciques soit pour des questions de goût, soit lors de la diversification rapide sans hydrolysats.
Il est donc recommandé d’insister sur la consommation d’hydrolysats ou, si ce n’est pas le cas, de supplémenter avec du calcium médicamenteux.

Le calcium et le squelette

Le calcium constitue 2 % des atomes du corps humain, il fait donc partie des constituants fondamentaux de la vie. Il joue un rôle dans la formation puis la consolidation osseuse, et intervient dans des processus tels que le rythme cardiaque, la tension artérielle, les fonctions hormonales, l’influx nerveux, la coagulation, etc.
Pourtant, seulement de l’alimentation dépend nos apports en calcium. Si les apports sont insuffisants, l’organisme doit puiser dans les réserves situées dans les os pour assurer les fonctions vitales.
Si le capital osseux est constitué pendant les 20 premières années de vie, le squelette peut alors se développer et se consolider jusque-là. Il atteint alors le pic de masse osseuse. En effet, passé ce pic, la masse osseuse ne pourra plus croître et lorsqu’elle sera trop faible survient le risque d’ostéoporose, fragilisant les os et pouvant entraîner des fractures.
Il est donc indispensable d’avoir un pic de masse osseuse suffisant pour limiter ou retarder la chute et les risques liés à la décroissance osseuse (Fig. 1).

Figure 1 – Évolution du capital osseux

Le capital osseux se fait dès le plus jeune âge et si la consommation calcique du jeune âge est insuffisante, il y a un risque majoré d’ostéoporose et de fracture ultérieure. Le problème est donc important chez les enfants qui n’ont pas d’apports suffisants, pour leur croissance, mais aussi pour leur santé osseuse future.

Les ANC

Les apports nutritionnels conseillés (ANC) en calcium sont importants :
– 500 mg chez le nourrisson,
– 700 mg chez l’enfant de 4 à 6 ans,
– 900 mg chez l’enfant de 7 à 9 ans,
– 1 200 mg jusqu’à 19 ans,
– 900 mg chez l’adulte,
– 1 200 mg chez la femme de plus de 55 ans (soit après la ménopause) et chez les personnes âgées (Anses).
À titre d’exemple, on trouve 300 mg de calcium dans, au choix :

  • 1 kg d’oranges
  • 2 yaourts
  • 5 baguettes
  • 1/4 de litre de lait (entier, 1/2 écrémé ou écrémé)
  • 1 chou vert de 850 g
  • 30 g d’emmental
  • 4 kg de viande de bœuf
  • 40 g de bleu

À retenir : Au moins un produit laitier à chaque repas, par exemple :

  • 1 bol de lait au petit déjeuner
  • 1 yaourt au déjeuner
  • 1 verre de lait au goûter
  • 40 g de camembert au dîner

Calcium et capital osseux

Le calcium a, on l’a vu précédemment, une place prépondérante dans la santé osseuse, mais aussi dans la santé générale de l’organisme. Lentement, mais sûrement, de la naissance à la fin de la puberté, le calcium s’installe pour du long terme dans le corps.
Les risques de carences sont d’autant plus importants quand il s’agit d’enfants allergiques aux protéines de lait de vache. Le recours aux hydrolysats poussés permet de compenser les apports non reçus par le lait. Une étude réalisée par l’Hôpital Saint-Vincent-de-Paul (preuve que la préoccupation calcique chez les APLV est une affaire de longue date) a suivi 26 enfants (en moyenne 20 mois) qui ont reçu des hydrolysats de lait pendant plus de 6 mois. Les résultats ont montré que les apports calciques des enfants APLV étaient de 74 % des ANC (± 26 %) et 135 % des ANC (± 25 %) pour le groupe témoin (p < 0,0001).
Le calcium est assimilé au niveau intestinal, mais toutes ses formes ne se valent pas du point de vue de l’assimilation : c’est le calcium du lait qui a la plus grande biodisponibilité avec 30 à 35 % d’absorption intestinale. Le calcium des aliments d’origine végétale est moins disponible car en grande partie insolubilisé (seul le calcium soluble dans le suc gastrique peut être absorbé) par l’acide phytique, oxalique ou certaines pectines. Ainsi, l’absorption du calcium des épinards est de seulement 5 %. D’autres végétaux, qui ont une teneur faible en phytates et oxalates, apportent du calcium avec une bonne biodisponibilité.
La fixation du calcium sur les os dépend également de la présence de la vitamine D, synthétisée par la peau sous l’action des rayons ultra violets du soleil. Tous les bébés ont d’ailleurs à la sortie de la maternité et jusqu’à 18 mois une ordonnance de vitamine D en gouttes (800 U/j, + 400 U/j si la mère allaite). Puis, de 18 mois à 5 ans, une ampoule de 100 000 UI au début de chaque hiver.

En pratique

Les laits

  • Lait de vache ou de chèvre : 1 200 mg de calcium par litre.
  • Lait de brebis : 1 500 mg de calcium par litre.

Si l’on compte que 30 % seulement vont en être absorbés, en buvant sa tasse ou son petit bol de lait, l’enfant n’en recevra que 90 mg environ sur les 300 mg qu’elle contient, d’où le conseil d’un produit laitier à chaque repas, trois au minimum par jour.

Les fromages

Les plus riches en calcium : les pâtes dures type emmental, et les derniers, les fromages frais et les fromages blancs, les chèvres… Les fromages double-crème, à 60 % de matière grasse, moins concentrés en matière sèche où se trouve le calcium, en contiennent peu.
Les fromages pour enfants sont fabriqués de manière à avoir des teneurs plus importantes en calcium.

Les eaux

Pour une fois, le calcaire a un avantage… L’eau du robinet, aussi calcaire soit-elle, est bonne pour la santé puisque le taux de carbonate de calcium (1 degré = 10 mg/l), qui définit la dureté de l’eau, est du calcium ! Certaines eaux minérales sont elles aussi particulièrement riches en calcium, il est utile de lire les étiquettes. Quand il s’agit de carbonate de calcium, l’effet repas par la sécrétion de suc gastrique est important et favorisera l’absorption.

Les fruits et légumes

Les légumes les plus riches en calcium sont ceux à feuilles : choux (tous), cresson, épinards, oseille, etc. Reste que leur biodisponibilité est généralement moins bonne que celle des laitages. Par exemple, si on compte 104 mg de calcium dans 100 g d’épinard, seulement 5 % seront absorbables.
Pour les fruits il en est de même : les pectines et d’autres fibres peuvent affaiblir l’assimilation du calcium. Pour atteindre le taux de calcium d’un bol de lait, cela nécessiterait d’ingurgiter 1 kg d’oranges… Certaines marques enrichissent en calcium leur jus de fruits pour concentrer les bienfaits.

Conclusion

Dans les APLV, il y a 20 % d’allergies IgE médiées et 80 % non IgE médiées. Dans les IgE médiées, l’âge d’acquisition de tolérance est entre 12 et 18 mois en moyenne. Dans les non IgE médiées, c’est vers 5 à 6 ans… C’est chez cette population qu’il est indispensable d’être attentifs aux apports réguliers en calcium par la consommation régulière d’hydrolysats ou par supplémentation calcique.
Les enfants prépubères avec une allergie aux protéines de lait de vache persistante ont une minéralisation osseuse moins importante, qui se retrouve à l’âge adulte, probablement liée à une consommation de calcium moindre pendant leur enfance.


Les idées reçues…

  • Le beurre est une source de calcium. Faux
    –> La crème et le beurre, pourtant issus du lait, sont des matières grasses qui ne contiennent pratiquement pas de calcium.
  • Les laits infantiles sont plus riches en calcium que le lait de vache UHT. Faux
    –> Les préparations pour nourrissons et préparations de suite contiennent nettement moins de calcium que les laits de vache classiques. Quant au lait de croissance, il diffère du lait classique par la teneur en fer et acides gras essentiels, mais pas en calcium.
  • Les yaourts, acides, sont « décalcifiants ». Faux
    –> Les yaourts viennent du lait acidifié par la fermentation de deux souches bactériennes. Aucune dissolution du calcium n’est observée
  • Plus le lait est écrémé, moins il y a de calcium. Faux
    –> Les taux de matières grasses n’influent pas sur le taux de calcium.
  • Le calcium, comme les vitamines, est facilement détruit. Faux
    –> Le calcium n’est pas dégradé par les conditions de stockage, l’exposition à la lumière, la chaleur de la cuisson car il est stable.
  • Les œufs sont pauvres en calcium. Faux
    –>Les jaunes d’œuf apportent environ 55 mg de calcium pour 100 g, plutôt bien assimilables. L’oeuf est aussi une source de vitamine D, indispensable pour la fixation du calcium et de phosphore qui en améliore l’assimilation.

Références

  • Mailhot G, Perrone V, Alos N et al. Cow’s Milk Allergy and Bone Mineral Density in Prepubertal Children. Pediatrics 2016 ; 137. pii : e20151742.
  • Apports nutritionnels conseillés pour la population française. 3e édition. Ed TEC&DOC. Ambroise Martin, 2001
  • Tounian P, Javalet M, Sarrio F. Alimentation de l’enfant de 0 à 3 ans. Pédiatrie au quotidien. 3e édition, 2016. 208 p.
  • Robbins KA, Wood RA, Keet CA. Milk allergy is associated with decreased growth in U.S. children. J Allergy Clin Immunol 2014 ; 134 : 1466-8.

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