Enquête PROMESS

Les objectifs de PROMESS

L’objectif principal de l’enquête PROMESS était :
– de décrire, en situation réelle, la prise en charge des régurgitations importantes des nourrissons ;
– et la place des mesures hygiéno-diététiques associées à la préconisation d’une formule infantile épaissie.

Les objectifs secondaires étaient :
– d’étudier les caractéristiques des nourrissons, leurs troubles digestifs et leurs symptômes associés ;
– ainsi que de décrire l’alimentation, les habitudes hygiéno-diététiques et la prise en charge antérieure éventuelle.

La méthodologie de l’enquête

Cette enquête a été réalisée auprès de 3 484 nourrissons âgés de 0 à 12 mois, présentant des régurgitations importantes, vus en consultation à partir de la mise en place de l’enquête, et pour lesquels le médecin a décidé de préconiser une formule infantile épaissie lors de la consultation.

Les résultats

Sur les 719 médecins participants (95 % de pédiatres et 5 % de médecins généralistes) 56 % étaient des femmes et l’âge moyen était de 53 ± 9 ans.

Sur les 3 484 nourrissons inclus dans l’enquête (≈ 5 nourrissons/médecin), 3 121 nourrissons, respectant les critères d’inclusion, ont pu être analysés (tableau 1).

Les régurgitations

Pour 60 % des nourrissons inclus, la consultation d’inclusion a été la première consultation pour régurgitations.

Selon le déclaratif des médecins interrogés, les nourrissons présentaient un RGO physiologique dans 62 % des cas et pathologique dans 38 % des cas. Au moment de la consultation, l’ancienneté des régurgitations étaient de 1,6 mois ± 1,3 en moyenne.
Au cours des 2 semaines avant leur inclusion, les enfants présentaient 6,5 ± 2,7 régurgitations/jour en moyenne.
La quantification des régurgitations selon le score de Vandenplas était plus sévère pour les nourrissons ayant un RGO pathologique, par rapport aux nourrissons présentant un RGO physiologique (figure 1).

Les nourrissons diagnostiqués avec un RGO pathologique ont présenté davantage de régurgitations/j, en moyenne 7,0 ± 3,0 (vs 6,2 ± 3 pour les RGO physiologiques), et ont été plus nombreux à régurgiter de manière continue des petits volumes durant plus de 30 minutes après chaque repas (36 % vs 23 %).

Les symptômes associés aux régurgitations

Au total, 91 % des bébés inclus présentaient au moins un symptôme associé, décrit ci-après (4 en moyenne). Cette proportion atteignait 99 % chez les enfants diagnostiqués avec un RGO pathologique (moyenne : 5) contre 85 % pour les nourrissons souffrant de régurgitations physiologiques (moyenne : 3).

• Pour tous les enfants, les signes associés les plus fréquents étaient :
des pleurs (77 %), une irritabilité (65 %), des troubles du sommeil (62 %), des douleurs abdominales ou rétrosternales (39 %), des difficultés pour s’alimenter (35 %), et un hoquet (33 %).

Une dysphagie ou une anomalie de posture ont été mentionnées respectivement dans 19 % et 17 % des cas.

• Les enfants diagnostiqués avec un RGO pathologique présentaient plus souvent : une irritabilité (78 % vs 56 %), des troubles du sommeil (75 % vs 53 %), une dysphagie (32 % vs 11 %), ou des difficultés alimentaires (47 % vs 27 %).

L’alimentation des nourrissons et la prise en charge antérieure des régurgitations

L’alimentation des nourrissons

• Tous les nourrissons étaient sevrés à l’inclusion et 41 % avaient été allaités pendant 1,6 ± 1,2 mois en moyenne avant leur passage à un lait ou une formule infantile.

• Lors de leur inclusion, les bébés buvaient 5,2 ± 1,1 biberons quotidiens en moyenne.
La durée moyenne du repas était de 19,3 ± 9,5 minutes.

• La population de nourrissons analysée étant très jeune, seulement 10 % avaient débuté une diversification alimentaire depuis 1,4 ± 1,7 mois en moyenne.

• Dans 45 % des cas, le lait ou la formule infantile en cours à l’inclusion chez les bébés souffrant de RGO pathologique était déjà une formule épaissie. Cette proportion était de 36 % chez les enfants avec RGO physiologique.

Les mesures hygiéno-diététiques en cours avant la consultation

Avant la consultation les mesures hygiéno-diététiques étaient déjà largement préconisées (figure 2).

Les traitements pharmacologiques prescrits avant la consultation

Avant leur entrée dans l’étude, 25 % des enfants inclus avaient déjà reçu un ou plusieurs traitements pharmacologiques pour leurs régurgitations. La part des enfants antérieurement traités était de 38 % vs 17 % selon que le RGO soit pathologique ou non.

Parmi les enfants précédemment traités pour des régurgitations, 71 % avaient reçus des antiacides et 55 % des prokinétiques. La prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons avait concerné 22 % des enfants déjà traités.

La prise en charge des régurgitations à l’issue de la consultation
L’alimentation des nourrissons

A l’issue de la consultation, tous les nourrissons ont bénéficié d’une formule épaissie.

Les mesures hygiéno-diététiques à l’issue de la consultation

A l’issue de la consultation et concomitamment à l’épaississement du biberon, la prise en charge des régurgitations par les praticiens a comporté la délivrance de conseils sur les mesures hygiéno-diététiques et a concerné tous les parents (99,3 %).

Les traitements pharmacologiques prescrits à l’issue de la consultation
(tableau 2)

35,7 % des enfants ont bénéficié de la prescription d’au moins un traitement pharmacologique à l’issue de la consultation ; il s’agissait d’une instauration dans 58 % des cas, d’un renouvellement ou d’une reprise dans 38 % et 4 % des cas respectivement.
Les antiacides seuls ont été les médicaments les plus prescrits (38 % des enfants traités), suivis par les antiacides associés aux prokinétiques ou aux IPP (24 %), et par les IPP seuls (14 %).
Bien que les effectifs soient limités, les résultats suggèrent un emploi plus fréquent des IPP parmi les nourrissons les plus âgés, alors que les antiacides semblent l’être davantage chez les plus jeunes.

En conclusion

L’étude PROMESS a permis de décrire, en situation réelle, les caractéristiques de 3 121 nourrissons âgés d’un an au plus, souffrant de régurgitations importantes (traitées ou non lors de l’inclusion) et les modalités de leur prise en charge par des pédiatres et médecins généralistes.
Les praticiens ont estimé que les régurgitations étaient physiologiques dans 62 % des cas.

En ce qui concerne la prise en charge des régurgitations à l’issue des consultations, tous les bébés étaient placés sous une formule épaissie, et 35,7 % nourrissons recevaient un traitement médicamenteux. On notera une utilisation très élevée des IPP dans cette population.

L’enquête PROMESS a permis de mettre en exergue la place importante des conseils hygiéno-diététiques associés à l’épaississement de l’alimentation faits par les médecins.


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