Goût et appétence des laits infantiles

L’odeur et le goût des formules infantiles sont généralement bien loin de nos goûts “d’adulte”. Malgré tout, les bébés semblent le plus souvent apprécier leur biberon et il est bien difficile de mesurer objectivement leur contentement. Plusieurs équipes ont cependant développé des échelles d’évaluation grâce à des questionnaires.

 

Un questionnaire pour évaluer l’appétit et la réceptivité de l’enfant

Le questionnaire Baby Eating Behaviour (BEBQ) ou questionnaire sur le comportement alimentaire des nourrissons a été proposé par une équipe australienne puis validé dans plusieurs études. Ce questionnaire est une adaptation du questionnaire de comportement alimentaire fait pour des enfants plus grands. Il contient 18 questions qui peuvent être codées : jamais, parfois, souvent ou toujours. Il aborde 5 thématiques appréciant le comportement alimentaire et l’appétit général de l’enfant :

  1. La réceptivité alimentaire : est-ce que mon bébé réclame souvent, estce que mon bébé mangerait plus que ce que je lui donne, etc.
  2. Appréciation de la nourriture : mon bébé a-t-il l’air content quand il prend son repas ? Mon bébé apprécie- t-il le moment du repas ?
  3. La satiété : mon bébé est-il facilement rassasié ? mon bébé a-t-il du mal à finir ses repas ? etc.
  4. Lenteur lors des repas : mon bébé finit-il rapidement ses repas ? mon bébé mange-t-il lentement ? etc.
  5. Evaluation globale de l’appétit de l’enfant.

 

Les enfants notés comme appréciant la nourriture ont un poids plus élevé que les autres

Mallan et al. en 2014 ont validé ce questionnaire sur une cohorte de 467 mères ayant un bébé d’en moyenne 4 mois (± 3 semaines). La fiabilité du BEBQ était bonne en dehors de l’item sur la satiété. Les enfants qui étaient notés comme appréciant la nourriture avaient un poids plus élevé que les autres enfants alors que des nourrissons qui étaient considérés par leur maman comme lents lors des repas et avec une satiété rapide avaient un poids plus faible. Quah et al. en 2015, ont retrouvé des résultats similaires, notamment chez le nourrisson de moins de 6 mois. Les nourrissons ayant des difficultés alimentaires avaient aussi un score de réceptivité alimentaire plus faible et des scores de lenteur des repas et de satiété plus élevés.

 

Dépister les difficultés alimentaires des enfants entre 6 mois et 6 ans

Un questionnaire a été proposé par une équipe canadienne. L’échelle d’alimentation de l’hôpital de Montréal est un outil pour dépister les difficultés alimentaires des enfants entre 6 mois et 6 ans. Il comprend 14 items (Fig.1), à compléter par les parents et a été testé sur 198 nourrissons bien portants suivis en ville et 174 nourrissons adressés en clinique pour difficultés alimentaires. Il a l’avantage d’avoir une version française validée. Il n’a cependant pas été validé par d’autres équipes ni chez le nourrisson de moins de 6 mois.

Figure 1 – Échelle d’alimentation de l’hôpital de Montréal pour enfants d’après Ramsay et al, 2011.

Au total, peu d’outils sont actuellement disponibles pour évaluer l’appétence des enfants et l’appréciation des laits infantiles par les nourrissons. Ces échelles sont cependant  bien utiles pour comparer les études et l’évolution des comportements alimentaires.

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

1. Llewllyn et al. Development and factor structure of the Baby Eating Behaviour Questionnaire in the Gemini birth cohort. Appetite 2011 ; 57 : 388-96.
2. Mallan K, Daniels L. Confirmatory factor analysis of the Baby Eating Behaviour Questionnaire and associations with infant weight, gender andfeeding mode in an Australian sample. Appetite 2014 ; 82 : 43–49.
3. Quah P L, Chan Y H. Prospective associations of appetitive traits at 3 and 12 months of age with body mass index and weight gain in the first 2 years of life. BMC Pediatrics 2015 ; 15 : 153.
4. Ramsay M, Matrel C et al. The Montreal Children’s Hospital Feeding Scale: A brief bilingual screening tool for identifying feeding problems. Paediatr Child Health 2011 ; 16 : 147-15.


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