Groupe Francophone d’Hépatologie, Gastroentérologie et Nutrition Pédiatriques

1 – Micronutriments : faut-il rechercher des carences chez l’enfant en nutrition entérale ?

Couttenier F et al. Statut en micronutriments des enfants en nutrition entérale prolongée.

Dans une série de 64 enfants en nutrition entérale (NE) prolongée (âge médian 7 ans ; minimum 2 ans, maximum 8 ans), Couttenier et al. ont réalisé des dosages plasmatiques systématiques de fer, zinc, cuivre, sélénium et des vitamines D, C et E. Les enfants étaient inclus dans cette analyse en cas d’absence de pathologie à risque de malabsorption intestinale. Ils recevaient tous une NE apportant au moins 60 % des apports caloriques conseillés. Les auteurs retrouvaient un déficit en fer chez 15,6 % des enfants, une anémie par carence martiale chez 3,1 %, un déficit en zinc chez 21,9% et en cuivre chez 10,9%. Il n’existait aucune carence en sélénium et Vit. D, E, C. L’absence de population témoin dans cette étude empêche de pouvoir donner une comparaison, notamment avec des enfants sains et en alimentation orale. Néanmoins, cette étude implique en pratique que le dosage de ces paramètres de façon routinière n’est pas utile chez des enfants en NEDC apportant au moins 60 % des apports conseillés, s’il n’existe aucun contexte de malabsorption intestinale.

2 – Allergie aux protéines du lait de vache : quand réintroduire le lait ?

Rubio A et al. Apport du test d’activation des basophiles dans la décision de réintroduire du lait de vache chez un enfant ayant une allergie IgE-médiée.

L’allergie aux protéines du lait de vache (APLV) représente l’allergie alimentaire la plus fréquente du nourrisson (8 à 12 % des allergies du nourrisson). Cette allergie n’est en général pas définitive ; en effet, après quelques mois d’éviction du lait, celui-ci peut être ensuite réintroduit en réalisant une épreuve dénommée test de provocation orale (TPO). Le timing optimal de la réintroduction repose actuellement, selon les données de la littérature dans les formes IgE-médiées, sur l’évolution du taux des anticorps. Rubio et al. Ont étudié l’apport d’un nouveau marqueur dans la décision de réintroduire ou pas le lait : le test d’activation des basophiles. Dans une population de 100 enfants avec APLV, étaient réalisés un dosage des IgE spécifiques aux PLV et un test d’activation des basophiles (TAB) ; 29 enfants présentaient une réaction au TPO. A un seuil de positivité de 6%, le TAB avait une sensibilité de 100 % et une spécificité de 90 %, une valeur prédictive positive de 81% et négative de 100 %. Ce test permettait ainsi de prédire de façon fiable la persistance ou la disparition de l’APLV. Il aurait donc un intérêt pratique dans le cadre du suivi de l’APLV chez le nourrisson et l’enfant, car il pourrait permettre d’éviter de réaliser des TPO trop précocement.

4 – Prévenir les troubles de l’oralité chez l’enfant en nutrition entérale : y penser c’est déjà le faire

Piot A et al. Regard et vécu des parents vis-à-vis de l’oralité des enfants en nutrition entérale au long cours.

La prévalence réelle des troubles de l’oralité chez le nourrisson est difficile à déterminer dans la littérature. Beaucoup de nourrissons sont en nutrition entérale (NE) au long cours, certains par sonde nasogastrique de manière prolongée. Dans cette étude, Piot et al. Rapportent leur expérience au travers du regard des parents de 17 NRS en NE au domicile depuis un délai moyen de 25 mois. L’existence de troubles de l’oralité chez près de la moitié des enfants, en ce qui concerne l’alimentation, et près d’un tiers pour le langage justifiait, pour les auteurs, la nécessité de mettre en place un dépistage et un suivi précoce dès le début de la nutrition entérale, le succès de la prise en charge dépendant fortement du début de l’initiation de la mise en route de celle-ci par des orthophonistes spécialisés dans ces troubles.

4 – RGO chez l’enfant en France

Martigne L et al. Reflux gastro-oesophagien de l’enfant en France : épidémiologie, symptômes, traitements.

Les études de prévalence et incidence du RGO chez l’enfant, en France, sont relativement anciennes. L’équipe de Martigne et al. a cherché à actualiser ces données, en réalisant une étude transversale dans une population de 8 279 enfants vus en consultation de routine par 404 médecins généralistes et 180 pédiatres. Le diagnostic de RGO n’était pas défini par des critères précis et relevait de la seule appréciation clinique du médecin. La prévalence du RGO chez les enfants, de la naissance à 17 ans, était extrapolée à partir des données de cette enquête à 10,3 %. Le découpage par tranches d’âge montrait des taux de prévalence variables avec : entre 0-23 mois, 24,4%; entre 2-11 ans, 7,2 % ; et entre 12-17 ans, 10,7 %. Les auteurs notaient une forte consommation médicamenteuse, avec un usage d’IPP chez 64 % des reflueurs dans la tranche d’âge 12-17 ans. Cette étude, malgré le caractère subjectif du critère principal, permet de relever la forte prévalence du RGO chez l’enfant en France en 2009, et le poids des thérapeutiques médicamenteuses, avec une large place pour les IPP chez les adolescents.

5 – Un enfant obèse le restera-t-il toute sa vie ? Quels facteurs peuvent déterminer l’évolution ?

Ficheux et al. Facteurs prédictifs de l’évolution à long terme de l’obésité de l’enfant.

L’un des enjeux de la prise en charge de l’obésité infantile, c’est le pronostic de l’obésité à l’âge adulte et la prévention des complications métaboliques et autres qui lui sont associées. Afin de déterminer quel est le bilan final de la prise en charge de l’obésité infantile dans leur cohorte, Ficheux et al. ont recontacté (par courrier ou téléphone) 173 enfants qui avaient été suivis dans leur unité, afin de déterminer l’évolution de leur IMC à l’âge adulte et les facteurs prédictifs éventuels. Avec un recul moyen de 11 ans, 60 patients avaient un IMC normal, 62 étaient en surpoids et 51 étaient obèses. Le risque de rester en surpoids ou obèse à l’âge adulte n’était dépendant ni du sexe, de l’âge à la première consultation, du délai entre le début de l’obésité et la première consultation, de la durée du suivi en consultation, ni de l’évolution du z-score de l’IMC au cours du suivi en consultation, mais plutôt de l’IMC maternel, de l’origine ethnique, du bas niveau socioéconomique des parents et du bas niveau d’étude atteint par le patient. Les auteurs concluent que les facteurs prédictifs de persistance d’une obésité à long terme ne sont en aucune façon liés aux modalités de prise en charge… Ceci reste à vérifier sur d’autres cohortes avec d’autres types de prise en charge et de suivi.