Intérêt des probiotiques dans la prévention de la maladie allergique

La prévalence des pathologies allergiques, telles l’asthme, la dermatite atopique, les rhinoconjonctivites ou les allergies alimentaires, augmentent régulièrement depuis plusieurs décennies. On estime qu’actuellement, ces maladies allergiques atteignent 20 % de la population mondiale. La recherche de facteurs protecteurs environnementaux est donc très intéressante. Le rôle de la flore microbienne intestinale ou microbiote est suggéré par plusieurs observations.

Tout d’abord, des études épidémiologiques ont mis en évidence qu’une naissance par césarienne est un facteur de risque de pathologie allergique. De plus, des études précliniques ont montré qu’une modification de la flore microbienne module la réponse immune de l’hôte en réduisant la réponse immune allergique.

Les probiotiques sont des organismes vivants qui sont bénéfiques pour la santé.

Ces probiotiques peuvent moduler la réaction immune en diminuant la réponse Th2 impliquée par la stimulation des allergènes. Ces dernières années, de très nombreuses études ont testé l’efficacité clinique de probiotiques administrés en prévention des maladies allergiques et plusieurs méta-analyses ont compilé ces résultats.

Probiotiques et pathologies allergiques

La méta-analyse d’Elazab et al. [1], parue dans Pediatrics en 2013, a sélectionné les études randomisées et versus placebo ayant testé l’intérêt d’une supplémentation en probiotiques en post ± prénatal sur la survenue de pathologies allergiques ultérieures chez l’enfant.

Au total, 25 études ont été incluses dans cette méta-analyse, correspondant à 4 031 participants.

Les probiotiques administrés étaient variables d’un protocole à l’autre. Le plus souvent, il s’agissait de Lactobacillus GG, Bifidobacterium lactis ou de mélange de probiotiques.

L’analyse combinée de l’ensemble de ces études a montré que l’administration de probiotiques chez la femme enceinte ± chez le nouveauné diminue le risque de sensibilisation atopique évaluée sur les prick test ou, à défaut, les IgE spécifiques : RR = 0,88 (0,77-0,98) et RR = 0,86 (0,75-0,98).

En revanche, en cas d’administration uniquement postnatale des probiotiques, l’effet n’était plus observé.

Plus embêtant, le risque de sensibilisation atopique était même augmenté lors d’administration de Lactobacillus acidophilus. Concernant le taux des IgE totaux, il était moindre chez l’enfant atopique ayant reçu des probiotiques lors des premières semaines de vie.

Les auteurs ont également analysé l’effet des probiotiques en prévention de l’asthme ou des symptômes respiratoires de type wheezing. Cela concernait 14 études et plus de 3 000 participants, mais les résultats étaient cette fois négatifs (RR = 0,96 ; 0,85-1,07).

Probiotiques et manifestations asthmatiques/ asthmatiformes

Azard et al. [2] ont également combiné les résultats de 20 essais cliniques randomisés et contrôlés (plus de 4 800 nourrissons participants) dans une méta-analyse parue dans British Medical Journal en 2013.

Ils se sont intéressés aux manifestations asthmatiques et asthmatiformes (sifflement, infection respiratoire).

Là encore, la supplémentation en probiotiques avait lieu en prénatal seul (1 essai), en postnatal exclusivement (10 essais) ou en pré- et postnatal (9 essais).

Les probiotiques utilisés étaient des Bifidobactéries ou des Lactobacillus.

Au total, les auteurs n’ont pas retrouvé d’effet protecteur des probiotiques administrés en période néonatale sur la survenue ultérieure d’asthme ou de dyspnée sifflante.

Probiotiques et allergies alimentaires

Kong et al. [3] ont, quant à eux, effectué une méta-analyse sur l’impact des probiotiques dans la survenue d’allergie alimentaire de l’enfant.

Dix essais ont été inclus dans l’analyse (plus de 2 700 participants).

Là encore, l’analyse combinée était négative, ne suggérant aucun impact dans la supplémentation en probiotiques sur la prévention des allergies alimentaires de l’enfant.

Probiotiques et autres allergies

L’intérêt des probiotiques en préventif dans les autres manifestations allergiques est moins bien documenté, même si plusieurs études sont parues sur le sujet, mettant en évidence :

  • leur effet modéré dans la prévention de la survenue de la dermatite atopique ;
  • mais pas d’effet pour la rhinite allergique, ni les rhinoconjonctivites ou sinusites chroniques [4, 5].

En conclusion

L’utilisation de probiotiques en prévention des manifestations allergiques est probablement une approche intéressante.

De nombreuses études ont été menées, mais leurs résultats sont généralement difficiles à comparer : variabilité importante des designs d’études, des produits utilisés, des pathologies étudiées, etc.

De ce fait, la place de ces suppléments nutritionnels dans la médecine préventive est encore à définir : quand faut-il les prescrire ? Combien de temps ? En pré- et postnatal ? Quels probiotiques utiliser et sont-ils tous efficaces de la même façon ?

Aujourd’hui, les données disponibles sont insuffisantes pour recommander largement l’utilisation de probiotiques en préventif [6], mais des recherches plus ciblées et sur un plus grand nombre d’enfants viendront sans doute prochainement modifier nos pratiques.

 

Pour en savoir plus …


Publié

dans

par

Étiquettes :