Laits de croissance

Jeanne, âgée de 2 ans, présente sur une NFS demandée devant l’une de ses nombreuses infections ORL, une anémie modérée ferriprive. Sa mère vous demande quelle en est la cause. Lors de l’interrogatoire, vous apprenez qu’elle est alimentée par du lait UHT demi-écrémé. Quels sont les arguments à prôner afin de convaincre la maman de lui donner du lait de croissance ?

 

La consommation de lait de vache conduit à des carences. Pour satisfaire les besoins optimaux d’un enfant consommant 250 ml/j de lait de vache entier, il faut ajouter à son alimentation une cuiller à soupe d’huile de tournesol par jour, le supplémenter en vitamine D et accroître son apport en fer (boudin noir, foie).

 

Un à trois ans, une période de croissance négligée en termes d’apports nutritionnels

Les laits pour enfants en bas âge ou laits de croissance sont des aliments destinés aux enfants âgés de 1 à 3 ans en relais des laits de suite. Ils sont désignés par le terme anglo-saxon gum.

La composition respecte les dispositions réglementaires des laits de suite (réglement 609/2013 du parlement européen et du conseil) à savoir une teneur en protéines et lipides adaptée aux besoins spécifiques à cet âge, et un enrichissement en fer et vitamine D.

La période de 1 à 3 ans est trop souvent négligée alors que c’est une période d’accroissement statural et pondéral important (Fig.1).

De plus, le développement cérébral est très actif pendant ces premières années de vie : le cerveau d’un nouveau-né fait 25 % celui d’un adulte, et déjà 70 % à 2 ans ! Le périmètre crânien croît de 30 % en 4 ans …

Figure 1 – Vitesse de croissance durant l’enfance et l’adolescence (3).

 

Bien que plus économique, le lait de vache conduit à des carences

La précocité de l’introduction du lait de vache dans l’alimentation du nourrisson conduit au risque de carence martiale non seulement en termes de déficience martiale, mais aussi d’anémie carentielle (1).

Les recommandations du Plan national nutrition santé (PNNS) établissent l’importance de la consommation de laits croissance de 1 an jusqu’à 3 ans avec un apport minimum de 500 ml par jour (2).

Le surcoût induit par cette alimentation spécialisée par rapport au lait de vache est d’environ 15 euros par mois pour 500 ml de lait absorbé par jour.

Si pour des raisons économiques, les familles proposent du lait de vache UHT à leurs enfants, il est indispensable de proposer du lait entier et non du lait demi-écrémé (et encore moins du lait écrémé !).

Pour s’en convaincre, regardons les différents apports moyens du lait de vache entier et du lait de croissance sur le tableau 1.

 

Que faut-il ajouter au lait de vache pour qu’il devienne “équivalent” au lait de croissance ?

En pratique, pour obtenir les besoins optimaux (3), pour un enfant consommant 250 ml/j de lait de vache entier, il est nécessaire :

  • d’ajouter 1 c. à café par jour d’huile de tournesol (AGE),
  • d’accroître la supplémentation en vit. D de 150 UI/j,
  • d’accroître l’apport en fer en remplaçant la portion de viande quotidienne par 50 g de boudin noir (1 fois par semaine) et 50 g de foie (1 fois par semaine).

 

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

1. Euro Growth Study. Acta Paediatr 2001 ; 90 : 492-8.

2. Programme national de nutrition santé (PNNS) 2016.

3. Tounian P, Sarrio F. Alimentation de l’enfant de 0 à 3 ans. Elsevier Masson 2011.

 


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