Laits de croissance : optionnels ou indispensables

Quelles sont les compositions du lait de vache et du lait de croissance ? Quel lait répond le mieux aux besoins nutritionnels de l’enfant ? Comparaisons et recommandations.

Qu’y a-t-il dans un lait de croissance ?

Les laits de croissance sont des laits à teneur faible en protéines, enrichis en fer, vitamines et acides gras essentiels. Ils ont été spécifiquement développés pour les enfants non allaités âgés de 12 à 36 mois. La composition des laits de croissance n’est pas définie par un texte officiel. Cependant, en France, elle est généralement calquée sur celle des préparations de suite (Tab.1). Il est malgré tout important de vérifier sur les étiquettes que la composition d’un lait de croissance répond bien à ces exigences. Plus d’une soixantaine de ces produits est commercialisée en pharmacie et/ou en grandes surfaces. En France, ces laits sont à base de lait de vache ou chèvre et on trouve également en Europe des laits de croissance à base de lait de soja. Ils sont parfois aromatisés à la banane, à la pomme ou au chocolat, sous forme liquide ou bien en poudre. Dans ce cas, il paraît pertinent de privilégier les formules enrichies avec de la purée naturelle de fruits, ou du cacao, et non des arômes artificiels. Environ 30 % des nourrissons de plus de 1 an consomment du lait de croissance (1).

Le lait de vache souvent associé à des apports insuffisants

La consommation de lait de vache non modifié par des nourrissons de plus de 1 an est très souvent associée à des apports insuffisants en fer, vitamines C, D et E, acides gras essentiels et excessifs en protéines (2). À l’inverse, les nourrissons qui consomment du lait de croissance ont des apports bien plus proches des apports nutritionnels conseillés et besoins nutritionnels moyens, à l’exception de la vitamine D pour laquelle un apport médicamenteux est recommandé.

Recommandations concernant la composition et la consommation des laits de croissance

Permettre à l’enfant d’avoir des apports alimentaires proches des recommandations est important pour son développement et sa santé future.

Des protéines en quantité raisonnable et du fer

Plusieurs études ont montré que des apports trop importants en protéines durant les 2 premières années de vie favorisent le surpoids, l’obésité et l’hypertension à l’âge adulte (3). De même, la carence martiale a été associée à un moins bon développement psychomoteur des enfants (3).

Importance des apports en omégas 3 et 6

Le rôle des omégas 3 et 6 dans le développement et le fonctionnement des systèmes immunitaires et nerveux est maintenant bien établi. Des études récentes montrent de meilleures performances cognitives en cas de consommation prolongée de formule/lait infantile enrichis en acides gras polyinsaturés à très longues chaînes. De même, les infections respiratoires sont moins fréquentes chez le nourrisson et l’enfant d’âge préscolaire en cas d’alimentation enrichie en acide docosahexaénoïque ou DHA (4).

Proscription de l’ajout d’acides gras industriels trans

Un panel d’experts internationaux a établi en 2013 des recommandations sur la consommation de lait de croissance (5). Ils proposent des apports de 400 à 600 ml de LC/jour, avec un apport en protéines à hauteur de 10 à 15 % des besoins énergétiques, en lipides à 30-40 % et en glucides à 45-60 %. La nécessité de supplémenter en omégas 3 et 6 est reconnue, ainsi que la proscription d’ajout d’acides gras industriels trans. L’ajout supplémentaire de sucres est déconseillé, car cela favorise les caries dentaires, l’obésité et le surpoids et diminue l’absorption de micronutriments.

Le lait de croissance couvre mieux les besoins nutritionnels de l’enfant

Aujourd’hui, la consommation de lait de croissance plutôt que de lait de vache non modifié chez l’enfant de 1 à 3 ans non allaité est largement conseillée. Le lait de croissance couvre au mieux les besoins nutritionnels du très jeune enfant et contribue à éviter une surconsommation protéique. Le coût (évalué à 100 – 300 euros€/an), plus important que celui du lait de vache standard, explique peut-être en partie que le lait de vache est fréquemment proposé aux enfants entre 1 et 3 ans.

1. Enquête Nutri-bébé 2013.
2. Ghisolfi J, Vidailhet M, Fantino M et al. Lait de vache ou lait de croissance : quel lait recommander pour les enfants en bas âge (1-3ans) ? Arch Pediatr 2011 ; 18 : 355-8.
3. Vandenplas Y, De Ronne N, Van De Sompel A et al. A Belgian consensus-statement on growing-up milks for children 12-36 months old. Eur J Pediatr 2014 ; 173 : 1365-71.
4. Hadley KB, Ryan AS, Forsyth S, Gautier S, Salem N Jr. The Essentiality of Arachidonic Acid in Infant Development. Nutrients 2016 ; 8 : 216.
5. Hugh E. Lippman, Jehan-François Desjeux, Zong-Yi Ding et al. Nutrient Recommendations for Growing-up Milk: A Report of an Expert Panel 2013 ; published online : 141-45.

L’ auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.


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