L’allaitement maternel

 

L’allaitement maternel : un modèle

L’allaitement maternel et ses bienfaits font l’objet d’un consensus scientifique publié par les différents comités scientifiques de nutrition et par l’OMS.
Le lait maternel est l’aliment de référence pour les nourrissons. Ses avantages pour la santé de l’enfant sont plus élevés dans les pays en voie de développement que dans les pays développés, et sont inversement proportionnels au niveau socio-économique de la population. Mais l’allaitement maternel a aussi un impact sur la morbidité infantile dans les pays industrialisés, comme par exemple, une réduction des infections gastro-intestinales et des otites moyennes aiguës. Il a aussi des effets positifs démontrés sur la santé plus tardivement, avec une diminution de l’obésité, du diabète de type 2 et de l’HTA.
L’allaitement maternel est la meilleure façon d’optimiser la croissance et le développement des nourrissons.

Par ailleurs, il a été montré que l’allaitement au sein est associé à un risque réduit de diabète de type 2, de cancer du sein et de cancer de l’ovaire chez la mère (2).

 

Un must mais pas une obligation

Les besoins nutritionnels du nouveau-né, du nourrisson et de l’enfant en bas âge avant 3 ans ont fait l’objet de nombreux travaux depuis 30 ans, ayant abouti à des recommandations, notamment de l’OMS. Ainsi, l’objectif souhaitable serait que les femmes allaitent pendant environ 6 mois, même partiellement, et la poursuite de l’allaitement maternel après la diversification alimentaire doit être encouragée. Bien que ce soit la mère qui décide de l’allaitement de son enfant, le rôle des personnels de santé de la petite enfance, y compris des pédiatres, est de promouvoir et soutenir l’allaitement maternel.

L’allaitement maternel est donc un “must” et c’est incontestable, mais il est évident que l’allaitement à tout prix ne doit pas être un diktat. Le discours ne doit pas être culpabilisant envers les femmes qui ne souhaitent pas allaiter. La France est en effet peu à peu passée d’un système relativement libéral à une pression de plus en plus marquée du milieu médical, de l’entourage familial… Probablement ne faut-il pas négliger le rôle de la Leche League (née aux Etats-Unis à la fin des années 50 dans les milieux catholiques traditionalistes), qui s’est développée peu à peu, relayée notamment par les mouvements féministes. Nous devons aussi laisser aux femmes la possibilité de résister aux discours culpabilisateurs.

Il faut aussi soutenir celles qui souhaitent allaiter longtemps, par choix personnel ou, par exemple, parce que cela correspond à la norme dans leur culture.

 

Puis vient le temps du sevrage

Les mères commencent à allaiter avec les meilleures intentions du monde.
Mais, souvent, elles affrontent des obstacles, et un sevrage prématuré peut survenir (difficultés à allaiter, refus du bébé, reprise du travail, prise de médicaments contre-indiquant l’allaitement…). Il est important que le médecin explore les raisons pour lesquelles la mère veut sevrer son enfant et qu’il l’informe pour qu’elle puisse prendre une décision éclairée quant au processus et au moment du sevrage.

Le terme “sevrage” vient du latin separare, qui signifie “séparer”. Le sevrage de l’allaitement est une phase naturelle et inévitable du développement de l’enfant. C’est un processus complexe qui exige des réajustements nutritionnels, immunologiques, biochimiques et psychologiques.
Une mère peut ressentir des émotions contradictoires lorsqu’elle commence à sevrer son enfant. Elle peut être heureuse de cette nouvelle liberté, mais elle peut aussi faire le deuil de la fin d’une phase très intime de sa relation avec son enfant. Il est courant que la mère ressente un sentiment de perte ou de tristesse, même en cas de sevrage graduel.

Tant qu’elle aborde le processus avec sérénité, l’expérience devrait être positive. Le rôle du médecin consiste à soutenir et à accompagner la maman pendant cette période, tout en s’assurant que le nourrisson profite d’une nutrition convenable.

 

A quel moment ?

 

  • Avant 4 mois

Le sevrage et le passage à une préparation pour nourrissons se fait dès que la maman en a fait le choix, ou dès qu’elle ne peut plus allaiter.
S’il est programmé, le sevrage se fera de façon progressive (voir encadré, plan de sevrage).
Pour les nourrissons, avant 4 mois, il existe des formules infantiles spécialisées de relais élaborées pour être les plus proches possible du lait maternel (si pas de troubles digestifs du nourrisson).

  • Au moment de la diversification alimentaire

Vers 6 mois (et pas avant 4 mois), le nourrisson est prêt, du point de vue développemental, à accepter des aliments solides. C’est à cet âge qu’il passe à une préparation de suite (lait 2e âge) si l’allaitement est interrompu. Tandis que de plus en plus de solides et de nouveaux aliments liquides sont introduits dans son régime, le sevrage participe à son évolution.

C’est à cette période que les réserves de fer présentes depuis la naissance diminuent. L’introduction de laits infantiles (riches en fer) à la place du lait maternel, et d’aliments contenant du fer permettront d’éviter les déficits.

Lorsque le sevrage se fait au moment de la diversification alimentaire, on peut rappeler à la maman que son nourrisson franchit une étape sociale, celle de manger des solides, puis de boire au verre.

  • Lorsque l’allaitement se prolonge, la diversification permet d’équilibrer les apports

La tétée et la mastication sont des comportements complexes, présentant tous deux des éléments innés et acquis. L’élément acquis est conditionné par la stimulation orale. Si le stimulus n’est pas appliqué au moment du développement neuronal, le nourrisson peut devenir un mangeur sélectif. Il existe un lien entre le fait de téter longtemps sans prendre de solides et une alimentation insuffisante par la suite.

Vers la fin de la première année, le lait maternel ne contient plus assez de protéines pour le nourrisson. Si la mère continue d’allaiter, l’apport en protéines sera assuré par la viande, le poisson, les œufs, le fromage, certains légumes (lentilles)…

Le report de l’introduction des aliments solides trop longtemps après six mois risque également d’exposer le nourrisson à une anémie ferriprive et à d’autres anomalies micronutritionnelles.

Pour en savoir plus…


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