L’allaitement maternel en questions

Un bébé au sein doit être alimenté à la demande, c’est-à-dire lorsqu’il pleure.

Vrai…

Lors de l’allaitement maternel, c’est le bébé qui régule la production de lait. Il va donc augmenter son nombre de tétées lorsqu’il voudra stimuler la production et les espacer s’il a besoin de moins d’apports (maladie intercurrente).

La première semaine, un nourrisson tétera 8 à 12 fois par jour en moyenne (avec des variations selon les cas).

Et faux

Certains bébés ne pleurent pas pour réclamer la tétée. Leur façon de se manifester peut être de claquer la langue, téter leurs doigts… Ce sont d’ailleurs souvent des bébés décrits comme “très calmes”, faisant “rapidement leurs nuits”, mais avec une courbe de poids stagnante ou peu ascendante.

Une tétée au sein ne doit pas durer plus de 15 minutes.

Faux

Dans quelques cas, les nourrissons pourront téter 5 minutes et avoir suffisamment, d’autres n’auront pas fini après 30 minutes. L’important est leur efficacité.

S’il n’est parfois pas facile de repérer la déglutition lors des tétées, le poids est un bon indicateur, comme la quantité d’urines : lorsqu’un allaitement est installé, le bébé urine 4 à 5 couches lourdes par jour (une bonne miction = 1/2 verre d’eau).

Une maman consulte car elle a des crevasses : le bébé tète trop ou sa peau est fragile.

Faux

Il n’est pas naturel d’avoir des crevasses. Très souvent, c’est le bébé qui prend mal le sein.

  • Il faut vérifier qu’il ne colle pas sa langue au palais, ce qui repousserait le mamelon et l’empêcherait de l’étirer jusqu’à la jonction palais dur/palais mou. La prise du sein doit être asymétrique avec une prise large sur l’aréole, lèvre inférieure retroussée. Il doit être à la hauteur du mamelon, le haut du corps bien droit, respectant un axe “oreille-épaule-hanche”, et la mère ne doit pas exercer de pression sur son sein pour dégager le nez du bébé.

L’absence de respect de ces éléments gène le maintien du sein dans la bouche.

La composition du lait est différente en début ou en fin de tétée.

Vrai

Au cours d’une même tétée, sur un sein, la teneur en lactose va progressivement diminuer au profit de la teneur en graisse.

Il n’est donc pas forcément nécessaire de proposer deux seins à chaque tétée. Si l’enfant ne tète que le lait de début de tétée, il devra boire plus souvent pour couvrir ses besoins énergétiques. L’excès de lactose et le plus grand volume de lait qui seront ingérés risquent de provoquer des symptômes de type colique et/ou régurgitations.

  • Il faut stimuler l’enfant pour qu’il “finisse” un sein avant de lui proposer le deuxième tout en sachant qu’il pourra avoir couvert ses besoins avec un seul sein.

Si les tétées sont rapprochées : conseiller de donner le sein auquel le nourrisson vient de boire pour s’assurer qu’il ait le gras de fin de tétée.

Une mère consulte pour la visite du 1er mois de son nourrisson allaité exclusivement. Il a repris son poids de naissance, pas plus : le lait de sa mère n’est pas assez nourrissant.

Faux

Une fois les causes organiques éliminées, il faut évidemment se tourner vers un problème lié à l’allaitement maternel. Cependant, les mères ne peuvent pas produire un lait qui ne serait pas assez “riche”. Lorsqu’un enfant présente une stagnation pondérale ou une prise de poids insuffisante, c’est le plus souvent par défaut d’apport. Il est important de déterminer la cause de cette carence.

  • Il faudra augmenter le nombre de tétées et stimuler la lactation avec un tire-lait après chaque tétée. Selon l’état clinique de l’enfant, il pourra être, après les tétées, complété avec le lait maternel tiré seul ou avec du lait infantile le temps que le lait soit en quantité suffisante.

Il est nécessaire d’aider la mère à reconnaître les signes qui indiquent que son enfant est prêt à téter (cf. supra).

Expliquer si besoin qu’un enfant qui s’endort en tétant ses doigts ou sa tétine serait probablement disposé à téter.

Une mère allaitante vous annonce qu’elle a de la fièvre : elle doit arrêter son allaitement.

Faux

Au contraire, la plupart des infections courantes comme la gastro-entérite aigüe, infections ORL, etc., sont compatibles avec l’allaitement.

D’autant plus que la mère aura probablement déjà “contaminé” son enfant, elle lui transmettra donc les défenses nécessaires. L’enfant pourra parfois ne pas être malade.

Mais vrai aussi…

Car on conseille tout de même de suspendre l’allaitement en cas de fièvre totalement inexpliquée.

  • D’une façon générale, pour tout traitement donné à une femme allaitante, la question de la nécessité du traitement se posera en même temps que la notion de compatibilité avec l’allaitement.

Y associer les conseils d’hygiène standards.

Une mère vient vous demander conseil : lorsqu’elle allaite, elle ressent de violentes douleurs tout au long de la tétée. Les douleurs sont mêmes présentes entre les tétées : c’est probablement une mycose.

Vrai

La douleur de mycose n’est pas modifiée par une bonne prise du sein. Elle est à type de brûlure, et est parfois même qualifiée d’insupportable par les mères.

Il n’y aura pas forcément de trace cutanée, le mamelon est soit normal, soit décoloré, parfois irrité…

  • Il faudra y penser si :

– cela apparaît après une période d’allaitement sans douleur ;

– la mère a une mycose vaginale ;

– l’enfant présente un muguet ou une mycose du siège.

Il sera nécessaire de traiter la mère et l’enfant. Les antifongiques classiques sont souvent compatibles avec l’allaitement. Préférer les traitements locaux.

  • En cas de doute, le violet de gentiane en solution aqueuses à 1 % (en vente libre en pharmacie) permet une réduction rapide des douleurs et confirmera le diagnostic (1 à 2 applications par jour au coton-tige sur le mamelon et /ou dans la bouche du bébé pendant 3 à 7 jours. Cesser au bout de 4 jours si on note la disparition des douleurs). En cas d’utilisation de ce traitement, il faudra prévenir la patiente que les vêtements sont tachés définitivement et que les lèvres du bébé seront colorées pendant quelques jours.

Une mère allaitante a le droit de manger de tout.

Vrai

Si les mères pensent souvent que les mêmes restrictions s’appliquent durant la grossesse et durant l’allaitement, elles peuvent en fait manger de tout en proportions normales. Il est important de manger équilibré.

  • La seule restriction concerne l’alcool qui passe dans le lait maternel.

Une mère fumeuse peut allaiter son enfant.

Vrai

Il faut l’informer des risques inhérents au tabagisme, mais si la mère fume, le bénéfice/risque reste en faveur de l’allaitement maternel.

  • Attention : la nicotine passe dans le lait maternel ; il faut conseiller à la mère de fumer à distance d’une tétée (ne pas fumer dans les 2 à 3 heures qui précèdent).

L’allaitement maternel permet d’atténuer le syndrome de sevrage, quant il a lieu. Il permettrait de diminuer les conséquences respiratoires du tabagisme.

  • Important :

Le fait d’allaiter peut motiver les mères et les aider à arrêter de fumer. Les substituts nicotiniques sont le plus souvent compatibles avec l’allaitement. Préférer tout de même les substituts à demi-vie courte et donner la tétée à distance.

Une mère reprend son activité professionnelle, elle veut sevrer complètement son enfant. Elle devra commencer 1 mois avant la reprise du travail.

Cela dépend…

De l’âge de l’enfant, du nombre de tétées quotidiennes…

Evaluer avec la mère la nécessité d’un sevrage et, si cela est décidé, expliquer qu’un allaitement mixte est parfois possible.

  • On conseille de remplacer une tétée par un biberon tous les 3 jours, en commençant par une tétée d’après-midi (le matin, les seins sont tendus : risque de mastite par engorgement).

Faire des paliers plus longs en fonction de la tolérance maternelle.

Si les seins restent tendus au moment d’une tétée substituée, conseiller d’exprimer le lait pour soulager, sans vider le sein car ça le stimulerait.

Pour en savoir plus …


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