Le point sur la vitamine C

Nous ne sommes plus à l’époque où le scorbut faisait des ravages… Mais les situations de carence existent, en particulier chez l’enfant. La vitamine C est essentielle pour de multiples fonctions de l’organisme, et elle a en particulier un puissant pouvoir antioxydant. Nous devons donc nous assurer d’un apport suffisant et adapté chez nos jeunes patients.

 

Sile scorbut était connu dès l’Antiquité, la découverte des propriétés de guérison du scorbut avec des fruits date de la fin du XVIe siècle, lorsque des marins de la route des Indes étaient guéris grâce au citron. C’est en 1928 que la vitamine C a été isolée à partir du cortex surrénalien. La vitamine C, ou acide ascorbique, intervient dans de nombreux processus biochimiques, elle préserve l’équilibre cellulaire soumis à de nombreuses perturbations, en particuliers les agressions. Son rôle est d’importance au niveau du métabolisme des cellules et du système d’oxydoréduction cellulaire. Ces propriétés sont en effet notables vis-à vis des radicaux libres. La vitamine C est une vitamine très fragile car hydrosoluble et sensible à la chaleur.

Un rôle multiple

La vitamine C intervient dans les grandes fonctions de l’organisme.

  • C’est un puissant antioxydant.
    Son effet redox puissant est lié à son action directe en collaboration avec la vitamine E et l’enzyme glutathion peroxydase sur les radicaux superoxydes, radicaux libres potentiellement toxiques car ils possèdent un électron libre. Si les radicaux libres sont en quantité trop importante, ils peuvent léser les éléments cellulaires comme les protéines, les lipides et les acides nucléiques (ADN, ARN). Le système antioxydant dont fait partie la vitamine C (tout comme la vitamine A, le sélénium, la vitamine E, le zinc, le cuivre et le manganèse) est un de nos systèmes de défense. Actuellement, ce système est souvent “débordé” en raison d’une carence d’apport en vitamine C, entre autres, mais aussi en raison d’une sollicitation accrue avec dépenses liée aux produits toxiques et polluants comme le tabac, même chez l’enfant lorsqu’un parent fume.
  • Elle a une action antianémique
    La vitamine C a une action antianémique par son rôle dans la synthèse des globules rouges et son effet facilitateur de l’absorption du fer. Pour des végétariens, cette vitamine est particulièrement intéressante car elle augmente l’absorption de fer, primordiale dans la formation et le maintien du collagène (tissu conjonctif), essentiel pour les vaisseaux artériels et veineux, les tendons, les os, les dents, la cicatrisation. Elle prévient également le vieillissement prématuré.
  • Elle permet de lutter contre les infections et stimule les défenses immunitaires.
    La vitamine C renforce et protège le système immunitaire en stimulant l’activité des cellules du système immunitaire et des anticorps.
  • Elle réduit la formation des prostaglandines, qui sont impliquées dans la réponse inflammatoire et la douleur.
  • Elle aide à l’adaptation au froid.
  • Elle participe aussi au bon fonctionnement du système nerveux en convertissant certains acides aminés en neurotransmetteurs, comme la norépinephrine. Certains de ces médiateurs ont des effets stimulants sur l’humeur ; la vitamine C a ainsi un effet antifatigue.

Quels apports en vitamine C ?

Les apports conseillés (Tableau 1) tiennent compte de la couverture des besoins en vitamine C dans le cadre de son double rôle :

  • pouvoir antiscorbutique,
  • et pouvoir antioxydant.

Lorsque le bébé est nourri au sein, si la maman a une alimentation équilibrée, le bébé n’a pas besoin d’apport supplémentaire. En revanche, s’il est nourri au lait de vache et aux bouillies, il faudra, à partir de 4 mois, lui donner tous les jours une cuillerée à café de jus de citron ou d’orange.
Les besoins en vitamine C sont accrus dans certaines situations pathologiques (fractures, infections, traitement anticancéreux).
Mais les besoins peuvent également être augmentés en fonction des modes de vie, comme une activité physique intense (6).

Carences et insuffisances : quelles conséquences ?

Les signes cliniques sont en rapport avec les effets multiples de la vitamine C.

Les hypovitaminoses discrètes en vitamine C

Assez répandues, elles se traduisent par :

  • une fatigue,
  • des maux de tête,
  • une fatigabilité à l’effort,
  • un manque d’appétit,
  • et une moindre résistance aux infections.

Une hypovitaminose plus importante

Elle se manifestera par :

  • des gencives enflammées ;
  • une pâleur due à l’anémie avec fatigue intense, des bleus fréquents ;
  • une fragilité avec douleurs osseuses ;
  • une plus grande sensibilité aux infections.

Une carence importante en vitamine C

Très rare, elle provoque le scorbut, lorsque l’apport est de moins de 10 mg par jour. La courbe de poids est stagnante, les articulations sont oedématiées et, à la radiographie, on note une perte de la trabéculation des os longs.

Le terrain des carences

Il est lié à des apports insuffisants, du fait d’une consommation pauvre en fruits et en légumes, d’un réchauffage répété des aliments, mais aussi à un stress important, à une infection traînante.
Les techniques actuelles d’agriculture intensive, avec traitement des sols et pollutions inhérentes en agriculture intensive, et l’industrialisation des aliments sont les principaux facteurs actuels responsables de la forte baisse de la qualité nutritionnelle des aliments, donc de leur teneur en vitamines, en oligoéléments et en minéraux.
Une nutrition artificielle, une résection du grêle, une mucoviscidose peuvent aussi être pourvoyeurs de carence en vitamine C.

Les sources de vitamine C

La vitamine C est présente dans tous les végétaux, mais en quantités variables.
Les principales sources de vitamine C sont les fruits (agrumes, fruits rouges) et les légumes (Tableau 2). Pour assurer la couverture des besoins quotidiens en vitamine C, il est recommandé de consommer au moins un fruit et un légume à chaque repas.

Cuisson et conservation : la vitamine c’est fragile !

La vitamine C est la plus fragile de toutes les vitamines : elle est sensible à l’eau, à la chaleur, à l’air et à la lumière.
Par exemple, à température ambiante, la moitié de la teneur en vitamine C d’un aliment peut être perdue en 24 heures. Les modes de cuisson et de stockage doivent donc être adaptés de manière à limiter les pertes.

En pratique

  • Lors de la cuisson, les pertes sont notables car la vitamine C est hydrosoluble, elle “fuit” dans l’eau de cuisson. Il est préférable de cuire les légumes peu de temps, à la vapeur si possible, et d’utiliser l’eau de cuisson pour les soupes. Il faut également limiter les trempages.
  • L’acide ascorbique, très sensible à la lumière et à la chaleur, s’oxyde facilement en présence d’oxygène. Pour limiter l’oxydation, on conseille de couper, râper, éplucher les légumes et les fruits au dernier moment.
  • De même, il faut les stokers le moins possible et les conserver dans un endroit frais.

ATTENTION AUSSI AUX SURDOSAGES

Une dose d’apport de vitamine supérieure à 500 mg est inutile, voire délétère, du fait des risques de troubles digestifs et de calculs rénaux par formation d’oxalates.
On évoque une possible activité prooxydante pour des doses supérieures à 500 mg/l. On a montré qu’il pouvait exister une accoutumance à la vitamine C avec des réactions de carence lors de l’interruption de l’ingestion de la supplémentation.
Il n’y a pas de dépôts de vitamine C dans l’organisme, puisque, au-delà de 1 g par jour, la vitamine C est excrétée par les voies urinaires.

À retenir

L’intérêt de la vitamine C est prouvé : son utilisation en prévention des états infectieux est entrée dans la pratique courante (bien que les résultats des études soient controversés). Et elle est maintenant évaluée dans des pathologies graves : sida, cancer, tétanos chez l’enfant. Du fait de son implication dans le système antioxydant, il faut veiller à un apport quotidien suffisant, et pourquoi pas supérieur pour des enfants à risque de troubles cardiovasculaires ou de diabète en rapport avec des antécédents familiaux, ou la présence d’une obésité. Dans tous les cas, veillons à inciter nos patients à consommer des aliments à forte densité nutritionnelle et à densité calorique basse, alors que l’alimentation actuelle est plutôt à faible densité nutritionnelle et à densité calorique élevée.

 

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