Le reflux gastro-oesophagien

Lors des 13es JIRP 2012 (Journées Interactives de Réalités Pédiatriques) à Versailles, le Symposium NHS-Menarini a été organisé le 23 mars 2012 sur le thème « Les régurgitations, une histoire ancienne ». Voici les points essentiels des communications orales du Dr Pierre Foucaud (CH de Versailles), du Dr Hugues Piloquet (CHU de Nantes) et du Dr Alain Bocquet (pédiatre, AFPA-Besançon).

Du XVIIe siècle à nos jours

D’après l’intervention du Dr Foucaud
Le reflux gastro-oesophagien du nourrisson sans oesophagite est une pathologie bénigne extrêmement fréquente, en rapport avec l’immaturité du tractus digestif de la première année de vie. Depuis le XVIIe siècle, les médecins ont constaté ce symptôme fréquent et l’ont longtemps considéré comme physiologique : « On ne s’étonne pas du vomissement des petits enfants, parce que c’est un accident qu’il leur est plus ordinaire et plus commun qu’aucun autre » (François Mauriceau, Les maladies des femmes grosses et accouchées, 1682) ; « Le plus souvent ces vomissements sont de si peu d’importance qu’il faut à peine y faire attention » (C.M. Billard, 1837). C’est également en 1837 que le terme de “régurgitations” apparaît pour la première fois chez ce même auteur, pour les distinguer des vomissements liés « à une véritable indigestion ». Fin XIXe-début XXe siècle, l’utilisation des biberons se développe avec plus ou moins de bonheur… Mais, en l’absence de traitement anti-reflux disponible avant les années 70, le reflux gastro-oesophagien est accepté par les praticiens, qui conseillent les nourrices et les mamans pour un langeage moins serré et un fractionnement des repas. L’arrivée des pansements oesogastriques et des prokinétiques a côtoyé celle de l’épaississement des biberons, pour arriver à l’ère que nous connaissons.

 

La conduite à tenir actuelle(figure 1)

D’après l’intervention du Dr Piloquet
Les sociétés savantes ESPGHAN/NASPGHAN placent le RGO comme un symptôme physiologique jusqu’à 7 mois, survenant, selon Nelson et al., chez 50 % des nourrissons avant 3 mois et 67 % à 4 mois, contre 5 % seulement entre 10 et 12 mois. Les premières recommandations sont de modifier la consistance de l’alimentation, et la position lors de la prise du biberon, réduire le volume ingurgité en fractionnant le volume total, et surtout rassurer les parents. Selon certaines études (Khoshoo, Pediatrics 2007), il existe un excès de médicalisation du RGO. Les traitements médicamenteux prokinétiques ne sont plus indiqués chez le nourrisson en raison d’un bénéfice risque défavorable. Les antiacides, en l’absence de preuve d’une réelle efficacité, ne devraient être utilisés que de façon très ponctuelle, et les antisécrétoires se cantonner à leur indication (AMM) réservée aux oesophagites objectivées par une fibroscopie.

Parmi les solutions recommandées : l’épaississement du lait

D’après l’intervention du Dr Bocquet
Si de nombreuses marques commercialisent des formules épaissies, rares sont celles qui ont fait la preuve de leur efficacité comparative. Avec l’aide des membres de l’AFPA (Association Française des Pédiatres Ambulatoires), une étude* comparant la formule Novalac ® AR Digest épaissie avec un double épaississant (amidon + caroube) versus une formule simplement épaissie avec de la caroube (dose équivalente à celle de Novalac® AR Digest) a été réalisée avec le soutien des laboratoires Menarini et de NHS. Il s’agissait d’une étude randomisée en double aveugle et cross-over, chez 140 nourrissons de 9 semaines en moyenne et ayant 8 régurgitations par jour en moyenne. Cette étude a montré une efficacité significative des deux formules, avec une efficacité de Novalac® Ar Digest significativement supérieure à celle du comparateur et une bonne tolérance (selles non significativement différentes par rapport à l’état basal et entre les formules).


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