Les facteurs environnementaux associés aux troubles digestifs bas

L’étude Confort est une étude française observationnelle cas-témoins auprès de pédiatres et médecins généralistes libéraux. Ils devaient recruter, chacun, deux nourrissons avec troubles digestifs bas (TDB) et deux témoins sans TDB.

Description de l’étude

L’étude sur les facteurs environnementaux associés aux troubles digestifs bas du nourrisson (étude CONFORT) est observationnelle, cas-témoins, descriptive, transversale, rétrospective, multicentrique et nationale, menée en France métropolitaine.
La population étudiée comprenait des nourrissons de moins de 4 mois et 7 jours présentant des coliques et/ou une constipation selon les critères de ROME IV définissant les TDB de type fonctionnel.
L’objectif principal était d’estimer les facteurs de l’environnement du nourrisson associés aux coliques et/ou à la constipation.
Les objectifs secondaires étaient :
– l’estimation de l’implication de différents éléments de la période néonatale (mode d’accouchement, poids de naissance, prescription d’antibiotiques dans la première semaine) dans la survenue de TDB,
– l’estimation de l’importance des facteurs génétiques éventuels (antécédents de TDB et/ou migraine chez les parents) par rapport aux facteurs environnementaux,
– la description des sources d’information de la mère/titulaire de l’autorité parentale sur la pathologie,
– l’estimation de la perception des parents sur le lien éventuel entre l’environnement et les symptômes de l’enfant,
– la description des éventuelles mesures prises par les parents avant la consultation (arrêt ou changement de lait, diversification, médication, etc.) face aux symptômes de l’enfant,
– l’estimation de la motivation des parents à suivre les recommandations éventuelles visant à modifier l’environnement de l’enfant.

Critères de ROME IV

Définition des coliques selon les critères de ROME IV

Sont définies comme coliques :
– Périodes récurrentes et prolongées de pleurs inconsolables, d’agitation/ plainte, ou d’irritabilité du nourrisson, rapportées par les soignants/ membres de la famille, se produisant sans cause apparente et ne pouvant pas être évitées ou dénouées par les soignants/membres de la famille.
– Chez un enfant de moins de 5 mois au début et à la fin des symptômes.
– En l’absence de retard de croissance, de fièvre ou de maladie.

Définition de la constipation selon les critères de ROME IV

Est définie comme constipation : la présence de deux symptômes au minimum parmi les suivants sur une durée d’un mois :
– émission trop rare de selles (moins de trois fois par semaine),
– antécédents de rétention excessive de selles ou de mouvements intestinaux douloureux,
– présence d’une large masse fécale dans le rectum,
– et/ou passage des selles de large diamètre faisant immédiatement disparaître les symptômes.

Résultats

Au total, 430 médecins ont inclus 741 cas et 667 témoins (Tab. 1).

Les TDB répondaient aux critères de ROME IV pour 328 nourrissons (50 %) avec coliques et 110 (40 %) avec constipation.
Les données ont été recueillies au cours d’une seule consultation. Pour chaque nourrisson ont été remplis : un cahier d’observation complété par le médecin pendant la consultation, un auto-questionnaire par la mère ou le titulaire de l’autorité parentale, un auto-questionnaire complété par le conjoint/partenaire.
Les nourrissons avec TDB ont un taux de naissances prématurées plus élevé (< 38 semaines ; p = 0,047) et une taille de naissance plus faible (< 50 cm ; p = 0,027).
Les coliques étaient le motif de consultation de 54 % des cas vs 42 % pour la constipation (Fig. 1).


Figure 1 – Symptômes des troubles digestifs bas chez les cas étudiés.

100 % des antécédents de TDB dans la fratrie sont des coliques.
Le nourrisson avec TDB est plus fréquemment le premier enfant (p < 0,001) et présente plus d’antécédents familiaux de TDB que les témoins (Fig. 2).

Figure 2 – Antécédents familiaux de TDB.

L’alimentation était exclusivement du lait maternel chez 64 % des cas TDB vs 55 % des témoins (Fig. 3).

Figure 3 – Type d’alimentation du nourrisson.

Prise en charge

Les principales mesures prises pour diminuer les TDB des nourrissons étudiés étaient le massage du ventre (87 %), le bercement sur l’avant-bras (61,3 %), l’aide au bébé à roter (57,0 %), le changement de lait (52,0 %), le recours à l’ostéopathie (37,8 %) et les tétines anti-coliques (35,6 %).
Des informations et conseils sur les TDB ont été recherchés par 87 % des mères et 17 % pensent que l’environnement du nourrisson peut être responsable des troubles (85 % des médecins en sont convaincus).
La prescription du médecin à la fin de la consultation contenait des conseils pratiques dans 50,6 % des cas, une formule infantile dans 34,9 % des cas et/ ou un médicament pour 31,3 % des cas.

Conclusion

Cette étude a permis la mise en évidence de facteurs environnementaux liés à la survenue des TDB :
Facteurs familiaux : rang dans la fratrie, antécédents familiaux de TDB.
Éléments périnataux : âge gestationnel, taille à la naissance.
Éléments environnementaux : qualité du sommeil de la mère, état émotionnel et tabagisme des parents.
Ces facteurs sont déjà connus, mais d’autres comme les migraines, le petit poids de naissance, l’alimentation de la mère ne sont pas retrouvés comme significatifs dans cette étude. On constate un paradoxe entre médecins et parents : 85 % des médecins vs 17 % des parents pensent que l’environnement du nourrisson a un impact sur la survenue des TDB. À noter également la connaissance et/ou l’utilisation imparfaite des critères de ROME puisqu’à peine un cas sur deux diagnostiqués répond à ces critères.
Enfin, encore trop de médicaments sont prescrits à l’issue de la consultation.


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