L’iode…

L’iode est impliqué dans la synthèse des hormones thyroïdiennes et régule la trophicité du tissu thyroïdien. Il joue un rôle essentiel dès le début de la vie fœtale, les hormones thyroïdiennes étant impliquées dans la croissance et le fonctionnement du cerveau chez le fœtus puis le nouveau-né. La carence en iode a donc un impact sur le développement de l’enfant et l’expose aussi aux perturbateurs thyroïdiens, comme certains aliments ou médicaments.

Où trouve-t-on de l’iode ?

  • Les produits de la mer sont les aliments les plus riches en iode : poissons, crustacés, mollusques et algues (100 à 180 µg/100 g).
  • Chez l’enfant et l’adolescent ce sont surtout le lait, les produits laitiers et les œufs qui sont la source principale d’apport en iode (lait : 15 µg ; produits laitiers frais : 18 µg ; fromages : 26 µg ; les œufs : 48 µg).
  • Le sel alimentaire enrichi en iode en contient 15 à 20 μg/g, et il ne suffit pas à pallier les subcarences.
  • Enfin, l’apport des eaux de boisson est négligeable (2 à 3 µg/l).

Le goitre simple : l’endocrinopathie la plus fréquente en France

Le goitre simple est défini par une hypertrophie diffuse du tissu thyroïdien sans anomalie hormonale, ni inflammatoire, ni cancéreuse, liée à une carence en iode. Même si la France n’est pas un pays d’endémie goitreuse, sa fréquence mérite d’être notée.

Chez les adultes, 16,7 % de la population française en est porteuse selon l’étude de Mornex (1). 12,4 % selon l’enquète SUVIMAX (2), répertoriés au décours d’un dépistage systématique par échographie.
Chez l’enfant, l’étude Thyromobile (3) a mis en évidence un goitre chez 4,1 % des garçons et 3,1 % des filles, avec une corrélation négative entre le volume thyroïdien et l’iodurie.

Apports iodés : pas optimum en France

L’enquête INCA 2 note des apports légèrement déficients : 125 µg/j chez les adultes et 100 µg/j chez les enfants de 3 à 17 ans, ce qui se rapproche des données du Credoc et de l’étude SUVIMAX, avec des apports médians en iode de 131 µg/j pour les femmes et 150 µg/j pour les hommes. 50 % des hommes et 34 % des femmes ont des apports conformes, mais 8,5 % des hommes et 20 % des femmes sont à risque de déficience, avec des apports inférieurs aux 2/3 des recommandations.

Il existe des disparités régionales. Les apports sont plus bas dans les régions du nord-est de la France et il existe un gradient ouest/est.

Les groupes à risque d’insuffisance d’apport (Afssa 2005) sont les femmes en âge de procréer, les adolescents et les adultes.

Chez l’enfant : l’enquête Thyromobile, réalisée dans 4 provinces françaises, a noté une iodurie inférieure à 10 µg/100 ml chez 38 % des écoliers, alors qu’elle doit être supérieure à 100 µg/100 ml. Or, il existe une corrélation inverse entre volume thyroïdien et iodurie (3).

Quels sont les facteurs “goitrigènes” ?

Si la carence en iode est le facteur essentiel chez l’enfant, peut s’additionner la consommation excessive d’aliments riches en thiocyanates et isothiocyanates qui inhibent la capture de l’iode. Ils sont présents dans les aliments dits “goitrigènes” : choux, brocoli, millet, manioc, milet, navet, noix, radis, soja, sorgho, patate douce… S’ajoutent l’action des estrogènes (les cellules thyroïdiennes possèdent des récepteurs aux estrogènes), qui explique la prédominance féminine des troubles thyroïdiens, et le tabagisme, même passif.

L’action délétère de ces facteurs s’ajoute en cas de carence iodée.

Les conséquences d’une carence prolongée en iode (4)

  • Chez la femme enceinte

Les besoins en iode sont augmentés d’environ 50 μg/j lors de la grossesse, ce qui augmente le risque de carence. La conséquence possible est une modification du statut thyroïdien de la mère, avec un risque de répercussion sur le fœtus.
Les carences sont plus fréquentes en cas de vomissements ou de grossesses rapprochées.
Les recommandations sont de conseiller aux femmes enceintes ou qui allaitent de consommer des aliments qui apportent de l’iode, mais en évitant les poissons prédateurs (présence de mercure) et les coquillages et crustacés du fait d’une possible intoxication.
Une supplémentation en iode est aussi possible.

  • Chez le fœtus et le nouveau-né

Les conséquences sont redoutables. Pour le fœtus : mort néonatale, malformations congénitales, crétinisme endémique, sensibilité accrue aux radiations ionisantes.
Pour le nouveau-né : hypothyroïdie clinique ou subclinique, goitre, crétinisme, sensibilité accrue aux radiations ionisantes.

  • Chez l’enfant

La carence peut entraîner une hypothyroïdie clinique ou subclinique, un goitre, un retard mental et psychomoteur, une sensibilité accrue aux radiations ionisantes.

  • Chez l’adulte

Le risque est l’apparition de nodules thyroïdiens, le goitre simple, un degré de différentiation des cancers, une sensibilité accrue aux accidents des centrales nucléaires et aux radiations ionisantes.

L’iode prévient et traite le goitre

La supplémentation en iode par le sel a permis de faire régresser la prévalence du goitre (5).
Le goitre simple peut être réduit par l’apport de 200 µg d’iodure par jour, avec la même efficacité que 100 µg de L-thyroxine. L’association iodure et L-thyroxine potentialise l’effet de l’un et de l’autre. Mais attention à une possible augmentation d’une autoimmunité thyroïdienne (6).
La supplémentation en iode augmente la proportion des cancers thyroïdiens bien différenciés, ce qui est favorable pour le pronostic (7).
Mais attention, il ne faut pas surcharger la thyroïde en iode, sous peine de voir apparaître des hyperfonctionnements thyroïdiens iodo-induits.
Les surcharges iodées en rapport avec des examens de contraste iodé s’éteignent en général dans les jours ou les semaines qui suivent (8).

Conclusion

L’apport en iode est essentiel dès la grossesse, pendant la période d’allaitement et tout au long du développement de la petite enfance.
Par la suite, un bon statut en iode est important pour assurer une bonne trophicité du tissu adipeux et prévenir le développement de goitres et nodules.
Il faudrait veiller à un bon statut en iode chez l’enfant, ce qui a déjà été évoqué par l’OMS dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant de 1989  :

« Tout enfant a le droit à un apport iodé adéquat pour assurer son développement normal. Toute mère a le droit à un apport iodé adéquat pour assurer que son enfant à naître aura un développement mental normal. »

 

 

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