Médicaments dans les régurgitations

Dans un précédent article, l’étude LUNE nous a montré que le conseil de couchage des pédiatres vis-à-vis des enfants qui régurgitent est de placer l’enfant en position dorsale proclive. Cette fois, le thème choisi est la thérapeutique des régurgitations.

Dr Marc Bellaïche (Gastropédiatre, Hôpital Robert-Debré, Paris)


Une étude des prescriptions sur la position de couchage des nourrissons avec régurgitations a été entreprise et baptisée projet “LUNE”.

Conduite de l’étude LUNE

Cette étude observationnelle de type cas-témoins, transversale, prospective, a été conduite en France métropolitaine auprès d’un échantillon représentatif de pédiatres libéraux de février à juillet 2013. 493 pédiatres (âgés de 53 ± 9 ans ; femmes 54 %) ont inclus 2 693 nourrissons âgés de 3 semaines à 4 mois révolus, ayant une alimentation non diversifiée et répartis selon un ratio 1/1 : 1 347 nourrissons présentant des régurgitations postprandiales compatibles avec le diagnostic de RGO versus 1 346 nourrissons témoins indemnes de régurgitation [1].

Cotations des régurgitations et prescriptions

L’importance des régurgitations éventuelles a été mesurée selon le score de Vandenplas [2] comme suit :

  • Cotation 1 : < 5 régurgitations de faible volume (≤ l’équivalent d’une cuillère à café) par jour.
  • Cotation 2 : > 5 régurgitations par jour d’un volume > 1 cuillère à café.
  • Cotation 3 : > 5 régurgitations par jour d’environ la moitié de la nourriture ingérée à la suite d’au moins la moitié des repas.
  • Cotation 4 : Régurgitations continues de petites quantités pendant une durée > 30 minutes après chaque repas.
  • Cotation 5 : Régurgitations de plus de la moitié à la totalité de la nourriture ingérée à la suite d’au moins la moitié des repas.
  • Cotation 6 : Régurgitations complètes à la fin de chaque repas.

L’importance des régurgitations n’est pas un motif de prescription d’après l’ESPGHAN et les critères de ROME [2, 3]. Cependant, sur le terrain, ceux-ci sont fréquemment prescrits dans cette indication. Plus le nombre de régurgitations est important (> cotation 3), plus le reflux augmente la prescription médicamenteuse, plus ceux-ci sont prescrits, que ce soit les anti-histaminiques H2 ou les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Quant aux prokinétiques déconseillés, ils font l’objet de 6 à 10 % des prescriptions dans le cadre des régurgitations… (Tableau 1)

L’auteur déclare avoir des liens d’intérêts avec NHS.


Références

1. Bellaïche M, Bargaoui K. L’enquête LUNE ou l’influence des régurgitations sur la position de couchage des nourrissons. (Sous presse)
2. Vandenplas Y, Rudolph CD, Di Lorenzo C et al. Pediatric gastroesophageal reflux clinical practice guidelines: joint recommendations of the North American Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition (NASPGHAN) and the European Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition (ESPGHAN). J Pediatr Gastroenterol Nutr 2009 ; 49 : 498-547.
3. Rasquin A, Di Lorenzo C, Forbes D et al. Childhood functional gastrointestinal disorders: child/adolescent. Gastroenterology 2006 ; 130 : 1527-37.


 


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