Régurgitations et RGO

Conseils diététiques

1) Fractionner les repas

Classiquement, il est conseillé d’augmenter le nombre de repas, afin de diminuer le volume de chacun d’eux. En réalité, cette mesure est très difficile à appliquer, et se traduit souvent par une vive insatisfaction du bébé, ce qui déroute un peu plus les parents. Il est utile, par contre, de fractionner le repas lui-même, en faisant 3 ou 4 pauses, même si le bébé manifeste son mécontentement, et en faisant évacuer le maximum d’air par des éructations successives.
Il est possible de réaliser le change du bébé en milieu de repas. Il est conseillé d’utiliser des tétines en silicone, plus dures que celles en latex, afin de freiner la vitesse de déglutition des enfants gloutons. Ainsi, l’estomac de l’enfant sera beaucoup moins distendu par de l’air dégluti et le remplissage tranquille de l’estomac permettra de limiter le risque de réflexe gastrocolique responsable de pleurs et d’agitation post-prandiale précoce.
De plus, il est absolument indispensable de limiter tout excès alimentaire. Ces mesures concernent aussi l’enfant au sein.

2) Limiter la déglutition d’air

Lors de la prise d’un biberon, l’air entre dans le biberon au niveau de la tétine et l’enfant déglutit facilement de l’air avec son lait. Certains modèles de biberons possèdent une valve au niveau du fond, permettant l’entrée de l’air à distance de la tétine, et donc la limitation de la déglutition d’air (Bibconfort® par exemple).

3) Epaissir l’alimentation

Chez le nourrisson, l’épaississement des biberons de lait représente la principale mesure diététique, mais il peut avoir une conséquence néfaste : le ralentissement de la vidange gastrique. Lorsque la vidange gastrique est ralentie, le risque de reflux augmente, mais, si ce ralentissement s’accompagne d’un tamponnement plus prolongé de l’acidité gastrique, les reflux seront moins acides.
L’augmentation de la viscosité du lait peut être obtenue par des épaississants ajoutés lors de la préparation :

  • la Gélopectose® (pectine cellulosique et dextrine maltose) entraîne généralement un ralentissement du transit, voire même une véritable constipation ;
  • le Gumilk® (mucilage extrait de la caroube et dextrine maltose) est souvent responsable d’une accélération du transit avec des selles étalées, et parfois d’un météorisme avec des gaz abondants ;
  • le Magic Mix® (amidon de maïs modifié) présente moins d’effets secondaires sur le transit ;
  • la farine de tapioca permet une viscosité supérieure à celle que l’on obtient avec les farines de maïs, de riz, de blé ou de pomme de terre ; le floculât obtenu avec la farine de tapioca est très fin, et stable en suspension, alors qu’avec la farine de riz la suspension n’est pas stable.

Depuis quelques années, des laits infantiles antirégurgitations (AR) sont proposés. Ils permettent une limitation de la fréquence et du volume des régurgitations suite à l’augmentation de leur viscosité. L’intérêt de ces laits “épaissis” est double : pour la maman, la préparation est grandement simplifiée et, pour le bébé, la surcharge calorique qui résultait de l’adjonction d’un épaississant ou d’une farine n’existe plus, l’épaississant inclus dans le lait remplaçant une partie des glucides.

En pharmacie, il existe deux types de laits :

  • les formules “AR” dont une partie des glucides a été remplacée par un ou des amidons (maïs, riz, pomme de terre, tapioca) ; la quantité d’amidons représente 24 à 29 % de la fraction glucidique ;
  • les formules “AR” dont la viscosité est augmentée par adjonction de caroube ; ceux-ci ont généralement un effet laxatif, qui peut être intéressant en cas de constipation associée ;
  • dernièrement, sont apparus des formules “AR” épaissies à la fois par des amidons et de la caroube.

En grande distribution, deux types de lait proposés peuvent avoir un effet anti-régurgitation :

  • les laits “confort” qui contiennent des amidons à la dose de 3,3 à 26,3 % de la fraction glucidique ;
  • les laits “premium” qui contiennent des amidons à la dose de 12,6 à 23 % de la fraction glucidique.

Ces appellations “confort” et “premium” ne sont pas claires : ainsi, certains laits peuvent contenir des taux d’amidons équivalents ou proches de celui des laits “AR” vendus en pharmacie et permettre un résultat thérapeutique identique, alors que d’autres ne contiennent que très peu d’amidons.

4) Supprimer le jus d’orange

Autrefois le jus d’orange était préconisé dès le premier mois pour l’apport de vitamine C et pour l’éducation précoce du goût de l’enfant. Les échographies ont révélé que le jus d’orange majore nettement les contractions de l’estomac, le nombre et l’importance des reflux acides vers l’oesophage. Actuellement, la vitamineC est apportée par les laits pour nourrissons, si bien que le jus d’orange n’est proposé qu’à partir de 6 mois chez l’enfant qui ne présente pas de reflux. Chez l’enfant régurgiteur, il reste déconseillé jusqu’à la disparition du reflux.

5) Limiter ou éviter les aliments qui augmentent l’acidité gastrique

Les aliments peuvent être acides par eux-mêmes, comme les jus de fruits ou certaines compotes de pommes, de prunes ou d’abricots, d’autres stimulent la sécrétion acide de l’estomac comme le café, le thé, les épices, la menthe ou le réglisse. Certains de ces aliments ne sont évidemment pas proposés au nourrisson, mais il faut penser à l’alimentation des mères qui allaitent, car de nombreux composants passent dans le lait.

6) Limiter les aliments qui ralentissent la vidange gastrique

Les aliments qui ralentissent la vidange gastrique augmentent le risque de reflux. C’est le cas des graisses et du chocolat. Pour le choix d’un lait, il faut considérer que le temps de vidange gastrique est d’autant plus long que le pourcentage de caséine par rapport aux protéines solubles est plus grand. A l’inverse, la vidange est plus rapide si la richesse en triglycérides à chaîne moyenne, par rapport aux triglycérides à chaîne longue est plus grande. La vidange la plus rapide est observée avec le lait maternel, la plus longue avec le lait de vache.

Conseils de puériculture

1) Desserrer largement les couches et éviter les vêtements serrés à la taille (ceinture, élastique)

Les mamans mettent habituellement beaucoup de soin à serrer fortement les couches pour éviter les fuites. Cette contention forcée de l’abdomen fait perdre à la paroi abdominale la souplesse naturelle qu’elle possède à cet âge.
Ainsi, toute augmentation de pression de la cavité abdominale n’est plus amortie par la souplesse de la paroi, mais se trouve intégralement transmise à la cavité gastrique qui est alors comprimée avec force. Ces augmentations de pression représentent un important facteur déclenchant du reflux. Elles sont fréquentes : pleurs, exonération lors de constipation, toux, gesticulation…

2) Traitement postural par surélévation de la tête du lit (jusqu’à 6 mois)

Le traitement postural se justifie par le simple fait que l’estomac risque moins de refluer dans l’œsophage lorsque l’orifice supérieur de l’estomac est en position haute. La position assise dans le “baby-relax” a été déconseillée depuis longtemps car elle augmente la pression abdominale par flexion des cuisses, et ainsi favorise la survenue du reflux. Le procubitus à 30° (couché sur le ventre, tête du lit surélevée à 30°) a été conseillé pendant de nombreuses années comme mesure thérapeutique de première intention car cette posture limite la survenue du reflux. Actuellement, cette position ne peut plus être proposée suite aux recommandations pour la prévention de la mort subite et des malaises graves du nourrisson : seul le décubitus dorsal est admis. Le procubitus à 30° ne sera proposé que si une pH-métrie a été réalisée et que celle-ci montre un très net avantage de cette position.La position actuellement conseillée est le décubitus dorsal, tête du lit surélevée entre 15° et 30° environ, l’enfant étant maintenu sous le siège et sur les côtés. Au-delà de 6 mois, la surélévation du lit devient difficile à réaliser, et il faut revenir progressivement à l’horizontale.

3) Eviter le tabagisme passif

Le tabac diminue le tonus du sphincter inférieur de l’oesophage (SIO). Cette mesure est l’une des plus difficiles à faire admettre par des parents fumeurs.

4) Limiter la gesticulation spontanée du bébé ou induite par le jeu des parents

Les régurgitations sont d’autant plus rares que l’enfant est plus calme et qu’il est moins manipulé. Ceci explique que les régurgitations sont plus fréquentes en fin d’après-midi.


Publié

dans

par