SEIPA… Qu’est-ce que c’est ? Intérêt d’une formule à base d’acides aminés

L’implication des protéines de lait de vache doit être évoquée face à des troubles digestifs inexpliqués et associés à d’autres symptômes. Exemple avec ce cas clinique.

Dr Marc Bellaïche, Dr Alexis Mosca (Gastropédiatres, Hôpital Robert-Debré, Paris)


Cas clinique

Cédric P. est né de parents allergiques : père allergique au pollen, mère allergique à la pomme et au bouleau (il n’y a pas de faute d’orthographe, ce n’est pas boulot !). Il a été allaité exclusivement au sein et présente une dermatite atopique depuis l’âge de 3 mois.

À l’âge de 4 mois, la mère désirant débuter un sevrage lui propose un petit biberon de 20 ml de préparation pour nourrisson standard. Il refuse dans un premier temps puis en prend 10 ml environ.

Deux heures plus tard, apparaissent vomissements incoercibles et malaise avec perte de connaissance brève chez le nourrisson pâle et hypotonique. Devant cette réaction sévère après ingestion de lait, une anaphylaxie est évoquée et une injection d’adrénaline bien codifiée est faite… Sans grande efficacité, c’est la perfusion intraveineuse qui va améliorer le nourrisson. Un bilan “exhaustif” du malaise fait en milieu hospitalier est négatif (en particulier prick test, IgE spécifiques vis-à-vis des protéines du lait de vache et atopy patch test). Il est conclu à un malaise sur reflux gastro-oesophagien et l’enfant repart au domicile.

Diagnostic différentiel

Lors de la réception du compte rendu d’hospitalisation, le médecin traitant évoque une hypothèse devant la chronologie des faits, l’inefficacité de l’adrénaline et  l’existence d’une acidose lactique.
Quelle est cette hypothèse ?

  • A : Allergie IgE médiée quand même !
  • B : Refus psychologique de la diversification
  • C : Je ne sais pas
  • D : Botulisme infantile
  • E : Syndrome de Münchhausen

Le SEIPA (Syndrome d’entérocolite induite par les protéines alimentaires ou FIPES en anglais) est typique… quand on le connaît ! Dans sa forme aiguë, après ingestion d’aliments solides ou réintroduction du lait apparaissent les symptômes suivants : vomissements (2 à 4 heures après l’ingestion), malaise et/ou léthargie et/ou hypotonie. La diarrhée est moins constante, débutant 6 à 12 heures plus tard, parfois glairo-sanglante.

Traitement

Le SEIPA est à différentier de l’allergie IgE médiée qui débute dans les minutes suivant l’ingestion et au plus tard dans les 2 heures. D’autant plus que le traitement est différent puisque dans l’allergie IgE médiée, l’adrénaline est le traitement de choix alors que dans le SEIPA, l’expansion volémique par sérum physiologique est le seul traitement efficace en urgence. Pour le traitement de substitution des protéines de lait de vache, il est conseillé de proposer un amino-acide d’emblée afin d’obtenir une rémission rapide et durable des symptômes.

Attention, il existe des formes plus chroniques (début insidieux avec reflux gastro-oesophagien, selles molles, agitation et retard de croissance…).

L’évolution vers une allergie alimentaire IgE médiée est également possible.

Enfin le lait n’est pas le seul allergène en cause, tous les aliments pouvant être à l’origine d’un SEIPA. Le pronostic n’est pas péjoratif : 50 % de guérison à 18 mois et 90 % à 3 ans.

Références


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