Focus sur les RéPPOP

Mis en place dans le cadre du Programme National Nutrition Santé, les RéPPOP (Réseaux pour la Prise en charge et la Prévention de l’Obésité en Pédiatrie) ont pour objectif de stopper la progression de l’obésité infantile avec l’espoir de la faire ensuite régresser. Le Dr Véronique Nègre, responsable du RéPPOP Franche-Comté nous présente leur fonctionnement et les actions mises en place dans sa région.

QUE SONT LES RéPPOP ?

Les RéPPOP sont nés à partir de 2003 de la volonté de pédiatres en charge de l’obésité pédiatrique, libéraux et hospitaliers, réunis notamment au sein de l’APOP (Association pour la Prévention et la Prise en charge de l’Obésité en Pédiatrie). Les constats étaient alors les suivants : l’hôpital n’a pas vocation et ne peut recevoir l’ensemble des enfants et adolescents en surpoids (17,8 % selon la dernière enquête ENNS en 2006) et la médecine libérale (médecins généralistes et pédiatres notamment) a peu de moyens pour le faire; par manque de formation, d’outils, d’aide par d’autres professionnels.
Il a donc été imaginé de créer des réseaux ville-hôpital, qui rassemblent les professionnels de santé concernés (qu’ils soient libéraux, hospitaliers ou institutionnels) et les professionnels de l’enfance pour agir selon 3 axes : la prévention de l’obésité, le dépistage précoce, la prise en charge multidisciplinaire, personnalisée et de proximité. Il existe 7 RéPPOP en France (Tableau 1), organisés en associations loi 1901 et réunis au niveau national au sein d’une coordination nationale. Le pilotage du réseau est assuré par un comité regroupant l’ensemble des partenaires, et une équipe de coordination pluridisciplinaire en assure la gestion quotidienne. Le financement vient pour l’essentiel de l’Assurance Maladie : FIQCS (Fond d’Intervention pour la Qualité et la Coordination des Soins). S’ils sont fédérés par une charte, un mode de fonctionnement et des outils communs, chacun conserve des particularités liées aux origines de sa mise en place et les spécificités de sa région.

QU’APPORTENT LES RéPPOP ?

Pour les professionnels

  • Des formations initiales et continues ;
  • des outils de travail, fiches, référentiels, courbes, un annuaire des différents acteurs et un dossier partagé;
  • la mise en place d’un suivi coordonné où le médecin libéral est aidé par un ou plusieurs autres acteurs : diététicien, psychologue, kinésithérapeute,  infirmier… ;
  • l’expertise des situations complexes par les équipes hospitalières référentes.

Pour les enfants et familles

  • Une prévention et un dépistage précoce en intervenant auprès des professionnels de la petite enfance (crèches…), des médecins et infirmiers scolaires et de la PMI, des professionnels du monde sportif ;
  • des informations (site, fiches pour apprendre à bien se nourrir…) ;
  • des ateliers d’activité physique adaptée (APA) ou un accueil personnalisé dans certains clubs sportifs ;
  • une prise en charge financière partielle ou totale, dans le cadre du suivi coordonné des consultations auprès des professionnels formés par le réseau (diététicien, psychologues…).

LE RéPPOP FRANCHE-COMTÉ

L’activité du RéPPOP-FC a démarré fin 2004. L’équipe, installée au CHU de Besançon, est composée du Dr Véronique Nègre (pédiatre coordonnateur), d’une infirmière puéricultrice, d’une diététicienne, d’une psychologue, d’un éducateur  médico-sportif, d’une secrétaire et d’une assistante de coordination. Près de 1 300 enfants en surpoids sont suivis dans le cadre du réseau. Les familles peuvent directement contacter le RéPPOP mais, le plus souvent, ils sont adressés par un professionnel de santé ou de la petite enfance. Dans les faits, les enfants à bénéficier du RéPPOP-FC sont beaucoup plus nombreux : les médecins de la région formés par le RéPPOP peuvent librement utiliser les documents et outils à leur disposition et ne font appel au réseau que lorsqu’ils sont en difficulté avec une famille.

LES ACTIONS DU RéPPOP-FC

La prévention

Elle est axée autour de la santé, et non spécifiquement du surpoids, pour éviter la stigmatisation.
Quelques exemples d’actions : depuis 2003, le réseau propose aux professionnels de santé un programme de formation à la prévention primaire et secondaire de l’obésité. Depuis 2004-2005, il intervient auprès des professeurs des écoles : dans un premier temps pour inciter à supprimer ou adapter la collation matinale à l’école, plus récemment pour promouvoir l’activité physique et sportive (EPS).
Par ailleurs, les institutions peuvent faire appel au RéPPOP-FC pour créer des groupes de travail, par exemple le groupe “Restauration des collèges” qui intervient sur le thème “Aider les adolescents à devenir acteurs de leur santé” à la demande du Conseil général du Doubs. Certaines actions s’adressent directement aux premiers concernés : ateliers diététiques et d’APA, mis en place au cœur des quartiers ; animations sur la prévention du surpoids organisées en milieu scolaire. C’est parfois par leur biais que certains enfants engagent ensuite des démarches contre leur surpoids.

Les Journées d’Accueil (JAC)

Depuis 2005, le RéPPOP-FC propose, aux jeunes en demande de prise en charge et à leur famille, des Journées d’Accueil (JAC) au cours desquelles 4 enfants ou adolescents regroupés selon leur âge, accompagnés d’au moins un parent, participent à des séances en groupe et en individuel. Moins impressionnantes et plus efficaces sur le plan de la motivation grâce à une approche en éducation thérapeutique que les consultations médicales en tête à tête, elles permettent d’établir un bilan (médical, nutritionnel et d’activité physique) et donnent les premières pistes pour la prise en charge.
Suite aux JAC, les enfants sont soit redirigés vers leur médecin traitant ou, si les familles le souhaitent, vers un ou plusieurs professionnels formés par le RéPPOP (autre médecin, diététicien, psychologue…), soit suivis par l’équipe de coordination au CHU, notamment dans le cadre des Journées santé (JOS).

Les Journées Santé (JOS)

Instituées en 2006, les JOS sont une des solutions pour le suivi des enfants vus en JAC, qui sont invités à venir 1 mercredi/mois pendant 6 mois pour participer à des ateliers de diététique, groupes de parole, activités physiques… Des séances spécifiques sont prévues pour les parents. Ce programme, basé sur une approche en éducation thérapeutique, vise à aider les jeunes à modifier durablement leurs habitudes.

L’évaluation des actions

Ces différentes actions sont régulièrement évaluées. Concernant les JAC : la plupart des enfants accueillis (11 ans en moyenne) ont déjà des anomalies biologiques ou cliniques (insulinorésistance chez 72 %, cholestérol élevé 37 %, syndrome métabolique 16 %, TA trop élevée 25 %). 79 de ces enfants ont été revus à 2 ans : leur Z-score d’IMC moyen avait diminué de 0,64 points (amélioration ou stabilisation pour 87 % des jeunes) (Figure 1) ; le score diététique, appréciant les habitudes nutritionnelles est amélioré, et le temps consacré à la pratique d’une activité physique augmenté. La prise en charge primaire multidisciplinaire par le RéPPOP (enfants suivis par les médecins libéraux acteurs du RéPPOP-FC) a été étudiée à 2 ans chez 83 enfants vus entre 2004 et 2006. La prise en charge était de 20 mois en moyenne. Les résultats sont tout aussi encourageants (Figure 2). Enfin, ont également été étudiés le bien-être et les difficultés quotidiennes des enfants en surpoids. Les 39 enfants interrogés avant et après le programme JOS ont moins de difficulté face aux moqueries (74 %), pour s’habiller (65 %) et pour la pratique sportive (54 %), facteurs indispensables pour maintenir dans le temps les résultats obtenus sur le plan biologique, les habitudes alimentaires et l’activité physique.

LE DÉROULEMENT D’UNE JAC

Les enfants réunis pour une JAC sont choisis selon des caractéristiques communes (âge…) afin de faciliter leurs interventions en groupe et les échanges. Un questionnaire permet de connaître les habitudes nutritionnelles, l’activité physique de l’enfant, ses courbes de poids /taille.

  • 8h30 Le jour J, accueil des familles par une infirmière puéricultrice et prise de sang pour le bilan biologique initial de l’enfant.
  • 9h15 Petit-déjeuner avec la diététicienne : évaluer les habitudes alimentaires et connaissances des enfants, aborder les notions d’équilibre, quantités et composition nutritionnelle…
  • 9h45 Premier atelier en groupe, animé par un pédiatre : explications à l’aide d’exemples concrets et exercices interactifs.
  • 10h15 Entretien individuel avec le spécialiste, bilan médical, nutritionnel et d’activité physique.
  • 11h45 Séance en groupe avec la diététicienne : apprendre à raisonner en termes d’équilibre, à doser les quantités (et non bannir certains aliments), à différencier la faim de l’envie de manger…
  • 13h00 Déjeuner commun au self : mise en pratique des astuces vues dans la matinée.
  • 14h00 Radiographie du poignet (âge osseux).
  • 14h30 Atelier en groupe avec l’éducateur sportif : les aliments contiennent de l’énergie, il existe différentes façons de la dépenser…
  • 15h30 Entretien individuel. Le pédiatre explique les résultats des examens, amène l’enfant à trouver des solutions concrètes pour lutter contre le surpoids. L’équipe doit être attentive aux “obstacles” : par ex., d’abord traiter un problème de sommeil, conseiller une maman qui veut faire dîner son fils seul parce « qu’il attrape toute nourriture passant à sa porté lors des repas familiaux »…
  • 16h30 Consultation possible avec une psychologue et/ou une assistante sociale.

 

SITES INTERNET :
www.apop-france.com
www.repop.fr

POUR EN SAVOIR PLUS


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