Méfiances, peurs, hésitations : faire face aux inquiétudes

Si l’accès facilité à l’information via Internet peut contribuer à faire des patients des acteurs plus avertis, il n’en reste pas moins vrai que les moteurs de recherche ne s’assignent, eux, aucun objectif de santé publique. La « toile » ne garantit pas la fiabilité des informations présentées au grand public : le pire peut donc côtoyer le meilleur ! Le médecin, par sa proximité, son expérience et la confiance établie peut contribuer à éclairer les familles dans leurs choix et leurs décisions et promouvoir un geste qui sauve1 dans un contexte d’incertitude ou de doute. Voici trois questions fréquemment posées par les parents à leur pédiatre.

Méningite

Docteur, est-il vrai que de la rouille a été retrouvée dans les vaccins contre la méningite ? Doit-on quand même vacciner la petite d’un an ?

Par précaution, l’ANSM et le Haut Comité de santé publique (HCSP) ont décidé de retirer du marché, le 24/09/14, tous les lots de Meningitec® (800 000) en cours de validité, en raison de la détection de particules d’oxyde de fer et d’acier (rouille) lors des contrôles qualité. Selon l’ANSM, la probabilité que des lots contaminés par rouille aient été distribués en France est très faible. Les résultats des investigations ont montré que la fréquence d’apparition du défaut était très faible (environ 0,2 %) et que tous les lots de vaccins n’étaient pas concernés. Les analyses toxicologiques réalisées ont rapporté que les quantités de métaux (oxyde de fer, cadmium et nickel) retrouvés sur les bouchons ne sont pas de nature à engendrer un risque pour la santé2. Il n’y a pas eu d’effets secondaires rapportés dans les pays étrangers dans lesquels les lots ont été exportés. L’ANSM n’a pas identifié d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la présence de traces de rouille depuis 2011 et jusqu’à la date du retrait en septembre 20142.

Bien sûr, il faut vacciner l’enfant ! Les méningites à méningocoques (principalement B et C) demeurent redoutables pour les nourrissons comme pour les adolescents. Elles sont imprévisibles, mettent en jeu le pronostic vital et laissent parfois de lourdes séquelles. Il est donc important de vacciner les plus petits comme les plus grands pour les protéger et éviter la transmission de la maladie. En attendant le retour à la normale de l’approvisionnement en Meningitec®, le HCSP a invité les médecins à réserver les vaccins méningococciques C conjugués monovalents aux enfants âgés de 12 mois à 4 ans. Quant aux plus grands, l’utilisation de vaccins conjugués quadrivalents (Nimenrix®, Menveo®) est recommandée (5-24 ans)3.

Autisme

Docteur, j’ai entendu dire que l’autisme peut être causé par les vaccins. Est-ce vrai ?

C’est faux ! L’étude de 1998 qui avait soulevé de nombreuses inquiétudes quant à la possibilité d’un lien entre le vaccin ROR et l’autisme comportait de graves manquements sur le plan scientifique. La revue qui avait publié cet article l’a ensuite retiré4.
La publication de cet article a conduit à une chute des taux de vaccination avec comme conséquence des épidémies sporadiques des maladies visées. Aucune corrélation n’a pu être établie entre le vaccin ROR et l’autisme ou les troubles autistiques.

Âge

Mon bébé est tout petit, ce n’est pas trop tôt pour le vacciner ?

Cette question est récurrente. Pourquoi tant de vaccins la première année ? Pour quatre d’entre eux, il est fondamental que l’enfant soit vacciné très tôt, car le risque des maladies prévenues (en fréquence et/ou en gravité) est maximal dès la première année de vie. Il s’agit de la coqueluche, des infections systémiques à Hæmophilus influenzæ b, à pneumocoque et à méningocoque5. En effet, du fait de l’absence d’immunité préalable, de l’immaturité immunitaire (mauvaise réponse contre les antigènes de capsule de certains germes), de la diminution des anticorps maternels, de l’augmentation de l’exposition sociale, le pic de fréquence de ces maladies survient dès les premiers mois de vie (dès la première semaine pour la coqueluche).


1. OMS. Rapport d’évaluation du plan d’action mondial pour les vaccins. Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination. OMS 2014.
2. ANSM. Vaccin Meningitec : actualisation des informations sur le défaut qualité constaté en 2014 – Point d’Information. http://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Vaccin-Meningitecactualisationdes-informations-sur-le-defautqualite-constate-en-2014-Point-d-Information
3. HCSP. Avis relatif à l’adaptation de la stratégie de vaccination  contre les infections invasives à méningocoque de sérogroupe C en situation de pénurie de vaccins. 2014.
4. The Editors of The Lancet. Retraction– Ileal-lymphoid-nodular hyperplasia, non-specific colitis, and pervasive developmental disorder in children. Lancet 2010 ; 375 : 445.
5. Barret AS, Deghmane AE, Lepoutre A et al. Les infections invasives à méningocoques en France en 2012 : principales caractéristiques épidémiologiques. Bull Epidémiol Hebd 2014 ; 1-2 : 25-31.


Publié

dans

par

Étiquettes :