Hyperactivité et déficit en oligoéléments

Le trouble déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH, ou ADHD en anglais, pour Attention Deficit Hyperactivity Disorder) est une affection relativement fréquente chez l’enfant. Un dysfonctionnement dopaminergique est impliqué dans sa physiopathologie. Des études se sont appliquées à prendre en compte le statut déficitaire des substrats de ce système : zinc, fer, cuivre. Comme l’imputabilité de certains additifs semble aussi établie, le Parlement européen prévoit un étiquetage pour les colorants alimentaires azoïques, avec une mise en garde sur des possibilités de troubles de l’attention et de l’activité chez les enfants.

 

Qu’appelle-t-on troubles de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ?

• Les troubles de l’attention avec hyperactivité sont définis par un regroupement de symptômes et se manifestent par des troubles de l’attention remarquables par la difficulté à se concentrer ; on parle de “distrait”. L’enfant est aussi hyperactif et présente une activité motrice importante, il ne peut s’empêcher de bouger. L’impulsivité fait qu’il agit avant de réfléchir.
Il y a possibilité de réactions agressives.
La répercussion pour l’enfant se manifestera le plus souvent par des difficultés d’apprentissage, surtout scolaire.
La morbidité psychiatrique est élevée.

• C’est un trouble assez fréquent, avec une prévalence de 3 à 5 % des enfants d’âge scolaire, soit 1 à 2 enfants par classe ! Et 7 % des adultes dans la population française sont concernés.

• L’origine peut en être multifactorielle, sous l’influence de facteurs génétiques et environnementaux. Des facteurs périnataux sont évoqués comme le tabac, l’alcool, le cannabis, l’état émotionnel de la mère. De nombreuses études chez ces enfants se portent aussi sur l’alimentation et le statut nutritionnel.

 

Des ingestas normaux

Si les études n’ont pas montré de différences significatives (1) entre les ingestats caloriques et nutritionnels des enfants présentant une hyperactivité par rapport à la population d’enfants considérés comme ayant un comportement normal, il faut noter que les enfants atteints de TDAH peuvent être à risque de carences en éléments nutritifs, du fait du manque d’attention et de l’agitation qui entravent la participation au repas. Peut aussi jouer l’effet coupefaim des traitements.

 

… Mais un faible statut en fer, cuivre et zinc

Une étude pilote (2) a comparé l’apport alimentaire et le statut nutritionnel de 43 enfants canadiens âgés de 6 à 12 ans présentant un déficit de l’attention avec hyperactivité.
L’évaluation nutritionnelle a été réalisée en utilisant le recueil dans un journal alimentaire sur 3 jours, le rappel des 24 heures précédentes, et des tests biologiques sériques.
Il en a résulté que les apports alimentaires en calories et macronutriments et la consommation d’aliments à faible valeur nutritive étaient comparables aux normes de la population locale. Cependant, 66 % des enfants porteurs d’une ADHD étaient déficients en zinc et 23 % en cuivre pour les apports alimentaires et les dosages sanguins. Le fer n’a pas été retrouvé comme déficient (tableau 1).
La moitié des enfants de l’échantillon consommait moins que les portions recommandées de viande et substituts, une source importante de zinc et de cuivre.
Si le faible statut en zinc était déjà connu, cette étude a mis en évidence que le taux sérique du cuivre pouvait être aussi abaissé.

 

Un faible taux de ferritine sérique

Plusieurs auteurs ont trouvé une association entre un faible taux de ferritine sérique et TDAH (3), et un faible taux de ferritine sérique est corrélé à plus de symptômes du TDAH sévères (4).
Les études de supplémentation en fer des enfants atteints de TDAH à faible taux de ferritine sérique (inférieur à 30 μg/l) ont montré une amélioration significative des symptômes du trouble de l’attention et de l’hyperactivité chez les enfants traités avec du fer versus placebo (5).

 

La complémentation en zinc peut-elle améliorer les troubles de l’attention/hyperactivité ?

• Shahin Akhondzadeh et al. (6) ont réalisé une étude en double aveugle contre placebo chez 44 enfants (26 garçons et 18 filles) âgés de 5 à 11 ans avec TDAH. Ils ont étudié l’effet de l’association du méthylphénidate (psychotrope) à la dose de 1 mg/kg/jour à 55 mg/jour de sulfate de zinc (15 mg de zinc élément) versus méthylphénidate 1 mg/kg/jour + placebo (saccharose 55 mg). L’étude a duré 6 semaines.
Les patients ont été évalués par un psychiatre pédiatrique les 1er, 14e, 28e et 42e jours après le début du traitement. Les résultats ont aussi été évalués par les parents et l’enseignant.
Après les 6 semaines, il a été noté une amélioration du trouble de manière significative chez les enfants qui ont reçu le sulfate de zinc.

• Bilici et al. (7) ont utilisé 150 mg de sulfate de zinc versus placebo pour leur étude en double aveugle chez 72 filles et 328 garçons avec TDAH, d’âge moyen de 9,61 ± 1,7 ans.
A 12 semaines, l’efficacité a été évaluée avec l’ADHD support, l’échelle d’évaluation de Conners pour les enseignants et l’évaluation parentale. L’administration du zinc donnait des résultats significativement supérieurs au placebo pour réduire les symptômes de l’hyperactivité, l’impulsivité et la socialisation avec facultés affaiblies chez les patients atteints du TDAH.

 

Le rôle des colorants alimentaires

L’implication des colorants alimentaires synthétiques dans la possibilité d’induire des effets indésirables comportementaux chez les enfants a d’abord été dénoncée en 1975 par Feingold (8). Il a mis en évidence le rapport entre une sensibilité élevée pour les additifs alimentaires et des signes d’hyperactivité observés chez certains enfants.

• Rapportée dans la revue Lancet, l’étude de McCann (9), randomisée en double aveugle contre placebo et en cross-over, est assez claire et probante.
Son but : mettre en évidence le lien entre la consommation d’additifs alimentaires, en particulier les colorants artificiels (AFCA), et le comportement des enfants.
Deux groupes d’enfants, âgés respectivement de 3 à 4 ans (153 enfants) et de 8 à 9 ans (144 enfants), ont été étudiés.
Après une période de régime sans ingestion de colorant, les enfants recevaient deux types de mélange d’additifs alimentaires (AFCA A ou B) ou un placebo. Chaque mélange comportait un agent de conservation couramment utilisé, le benzoate de sodium (E 211). L’AFCA A contenait du jaune orangé (E110), de la carmoisine (E122), de la tartrazine (E102), du ponceau 4R ou rouge de cochenille (E124). Le mélange AFCA B était composé de jaune orangé (E110), de la carmoisine (E 122), du jaune de quinoléine (E 104) et du rouge allura AC (E 129). Ces mélanges ont été donnés une semaine sur deux en alternance avec le placebo.

Les critères de jugement étaient l’évaluation de l’hyperactivité des enfants sur l’échelle GHA (Global Hyperactivity Agregate), et l’évaluation de l’agitation et de l’impulsivité observées par les enseignants et les parents. Pour les enfants âgés de 8 à 9 ans, a été ajouté un test informatisé d’attention. Cet essai clinique a été enregistré auprès du Current Controlled Trials.
La conclusion de l’étude : les colorants artificiels ou le conservateur benzoate de sodium (ou les deux) contenus dans l’alimentation entraînent une augmentation de l’hyperactivité chez les enfants âgés de 3 ans et 8 à 9 ans. Les troubles du comportement ont été notés dès 1 heure après la prise de boisson AFCA.
Ces deux groupes d’âges ont été choisis car c’est à ces moments que l’enfant développe son apprentissage et les comportements scolaires. Une hyperactivité peut induire des difficultés avec échec et mauvaise relation avec la famille et les éducateurs.

• Une étude publiée en 1994 avait déjà mis en cause la tartrazine (10). L’étude a été faite chez 200 enfants étiquetés comme hyperactifs. Les parents de 150 enfants sur ces 200 enfants ont rapporté une amélioration du comportement de leur enfant après 6 semaines d’alimentation exempte de colorant alimentaire, et une détérioration à la réintroduction. L’étude a été mise en place après 21 jours d’un régime incluant soit de la tartrazine à des doses variables soit du placebo.
Des réactions significatives sur l’irritabilité, l’agitation et les troubles du sommeil ont été notées chez certains enfants avec un effet dose réponse. Une dose supérieure à 10 mg induisant une réaction prolongée.

 

Conclusion

Notre société est confrontée à des enfants hyperactifs et impulsifs, et ce à un âge de plus en plus jeune, comme l’attestent les témoignages des acteurs de la petite enfance. Devant les preuves fortes liées à une imputabilité des colorants alimentaires additifs et leur reconnaissance par les nouvelles directives d’étiquetage du Parlement Européen (voir encadré), pourquoi ne pas mettre en place une éviction dans les institutions, les hôpitaux, lors des conseils aux parents, tant l’enjeu est important sur le plan de la qualité de vie de l’enfant ?

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